Au lendemain de son élection à la tête des Républicains, une question se pose à propos de Laurent Wauquiez : va-t-il réussir à construire une opposition audible à Emmanuel Macron ?
Ce qui est étonnant, c’est la façon dont les militants républicains se choisissent un chef détesté dans son propre camp, par tous ses concurrents et collègues. Accusé d’être un opportuniste de la pire espèce, de radicaliser le parti… Il faut d’ailleurs distinguer entre ces deux types d’accusation. Le premier, celui qui touche à la personnalité, vient évidemment du parcours plus que sinueux de l’intéressé. Une telle unanimité – et une telle violence – ne relève pas de l’affabulation. Mais le second type d’accusation nous parle davantage de l’état de la droite en général.
Nicolas Sarkozy appelait ça très cyniquement "faire du gros rouge qui tache". On caricature tant qu’on peut, on force le trait pour faire plaisir à un certain public. Celui des militants, et celui de ces électeurs qui ont l’impression de s’être fait voler la victoire par Emmanuel Macron. Sauf que les pudeurs de jeune fille de ses innombrables adversaires politiques sont également totalement surjouées. Entendre Thierry Solère expliquer que ce sont les mots de Laurent Wauquiez sur le "grand remplacement culturel" qui l’ont incité à rallier Emmanuel Macron, alors qu’il n’a eu de cesse de se vendre à la République en Marche, sans grand succès d’ailleurs. Laurent Wauquiez est le repoussoir idéal pour les transfuges. Cela dit, Emmanuel Macron met réellement en œuvre la politique dont ils rêvaient.
Laurent Wauquiez a compris que la dégringolade de Marine Le Pen laissait un espace. Il tient donc le discours nécessaire pour convaincre les seuls électeurs qui lui restent de venir vers lui. Tous les autres, les électeurs traditionnels de la droite de gouvernement, européenne et libérale, trouvent Emmanuel Macron formidable. Mais c’est véritablement prendre les petites gens pour des imbéciles que de croire qu’en caricaturant les sujets, en attisant la colère, on va les attirer. La colère authentique qu’ils expriment réclame plus que des slogans sur la province et l’identité, elle réclame un renversement du système que Laurent Wauquiez est incapable de porter, ne serait-ce que parce que cela nécessiterait une analyse des liens entre insécurité économique et insécurité culturelle. Donc une critique du système économique auquel Laurent Wauquiez a toujours applaudi.
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