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Une visite en Corse à haut risque pour Emmanuel Macron

Le président de la République se rend en Corse mardi. En guise d'avertissement, les nationalistes ont organisé une grande manifestation ce week-end.

 

Les indépendantistes et les autonomistes ont voulu prendre date. Ils se souviennent que pendant la campagne, Emmanuel Macron est venu en Corse et qu’il a un peu joué avec le feu. Bien sûr, il s’est gardé de promettre quoi que ce soit. Mais il a très habilement suggéré, avec cet art de jouer les funambules, de faire en sorte que chacun entende ce qu’il veut entendre.

Tout cela à coup de jargon : on allait "co-construire", on allait faire dans le pragmatisme et en finir avec les grands débats théoriques. Mais surtout, Emmanuel Macron a promis de "tenir compte des spécificités corses", il a parlé d’un "nouveau pacte girondin", certes, dans une "république indivisible", mais une république "qui a toujours été plurielle".

Mais depuis, les nationalistes ont remporté les élections. Et avec des scores mirobolants. 45% dès le premier tour. Et un effondrement de tous les autres partis : 11% pour la République en Marche et 12,5% pour les Républicains. L’alliance entre les autonomistes et les indépendantistes a eu l’intelligence d’adopter un discours conciliant, loin de toute radicalité. Mais ils entendent quand même faire avancer leur cause.

Et le bras de fer qui va s’engager avec l’État sera crucial : c’est un peu de l’autorité d’Emmanuel Macron qui se joue. Or, il a déjà prévenu que les principales revendications, co-officialité de la langue corse, statut de résident ou inscription de la Corse dans la Constitution, ne seraient pas acceptées. Mais les nationalistes et le Président devraient comprendre que dans cette partie de poker, ils auraient tort de ne pas suffisamment écouter ce que leur disent les urnes.

Des urnes qui ont plébiscité les nationalistes, mais cela ne signifie pas que les Corses soient forcément pour l’indépendance, ou même pour une autonomie trop marquée. Ils ont voté nationaliste comme ils ont voté Front National à 48,5% à la présidentielle : pour dire leur colère, leur impression que la démocratie est dévoyée et que les gouvernants ne les écoutent pas.

Ils ont voté pour un pouvoir plus proche, sur lequel ils aient un contrôle. Les aspirations identitaires sont une des conséquences de l’affaiblissement des États Nations par le néolibéralisme globalisé. Mais derrière, il y a surtout la demande de démocratie, de prise en compte de la diversité, de respect des spécificités culturelles, de préservation des modes de vie, en Corse comme partout en France et en Europe.

Écoutez la chronique de Natacha Polony dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard

 

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