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Une stratégie, une photo, un emballement

La scène fait polémique. Emmanuel Macron qui pose entouré de deux frères dont l'un fait un doigt d'honneur. Depuis que la photo a été postée sur les réseaux sociaux, la sphère politique s'emballe.  

Ce cliché (et cette nouvelle controverse) sont assez symboliques des difficultés qui attendent Emmanuel Macron dans sa stratégie de reconquête de l'opinion. Il s'est engagé depuis quelques jours dans une nouvelle opération de séduction pour convaincre les Français qu'il ne les prend pas de haut, qu'il est toujours proche d'eux. Cette opération séduction a commencé surtout avec le voyage aux Antilles (et les mises en scènes répétées du contact familier avec les Français démunis). Cette opération, elle provoque un relatif retour en grâce des journalistes auprès de lui (que l'Élysée traite désormais avec un peu moins de dédain)... Et elle a suscité d'ailleurs l'interview publié hier par le JDD, dans laquelle le Président reconnaît quelques erreurs. Emmanuel Macron a donc compris que "les Gaulois réfractaires" ou encore "Moi du boulot, je traverse la rue et je vous en trouve", toutes ces saillies régulières, transgressives et provocatrices avaient fait des dégâts. 

Ce voyage aux Antilles était donc une occasion parfaite pour atténuer l'effet de ses petites phrases choc à répétition. Mais c'est plutôt mal tombé... Il faut dire que la photo où un jeune homme fait un doigt d'honneur aux côtés du Président n'est pas très "jupitérienne" et qu'elle restera comme un des clichés marquants du quinquennat. Voir le chef de l'État tout sourire, alors qu'il est encadré par ces deux jeunes qui semblent le traiter comme un vulgaire people qu'on veut moquer, ça ne pouvait que faire les choux gras de l'opposition qui peut l'accuser de rabaisser la fonction présidentielle. 

À commencer par Marine Le Pen qui ne s'y est pas trompée et qui a jugé la scène "impardonnable", "la France ne mérite certainement pas cela !" s'est elle exclamé sur Twitter. L'opposition est dans son rôle. Les Républicains aussi se sont offusqués d'ailleurs. Mais Emmanuel Macron a plutôt habilement retourné la situation en se posant en défenseur de ces jeunes de quartier en difficulté, non pas pour justifier leurs gestes mais pour appeler à une forme de bienveillance à leur égard plutôt qu'à un discours de haine. 

Cette image permet donc au Président de se poser une fois de plus en rempart de l'extrême-droite. Ça l'installe dans un duel avec le Rassemblement National à quelques mois des élections européennes. Ça pourrait également redonner du tonus à son parti, La République En Marche. C'est toujours ça de pris, dans cette période de vache maigre. Ensuite cette scénette du doigt d'honneur vient démentir la critique en condescendance d'un Macron supposé méprisant, qui ne descendrait de son olympe que pour faire la morale à ses sujets comme quand il propose au jeune horticulteur de changer de travail. Et puis, même si on peut voir une part d'angélisme dans ses propos, le Président de la République ne s'est pas privé pour dire à un jeune sorti de prison "Tu arrêtes tes bêtises. Les braquages c'est fini, ta mère mérite mieux que ça". Une façon pour Macron de dire "je n'ai pas changé, je dis toujours les choses mais je le fais au plus près de la réalité de ce que vivent les Français". 

Cette stratégie, Macron n'a plus le choix que de l'adopter. Puisqu'il ne veut rien renier de sa politique, il doit en rajouter dans sa mise en scène du contact avec les Français en montrant qu'il est resté simple par exemple. Cela ne suffira sûrement pas à remonter dans les sondages mais c'est une première étape obligée. Cette étape sera passée par les Antilles !

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