C'était une grande réussite. Il faut le dire. On a beaucoup glosé en disant que ce débat à onze serait une cacophonie et ne servirait à rien, alors qu'en réalité on a assisté à une vraie confrontation sur le fond. De vrais d'affrontements pour ceux qui craignent que cette campagne n'aborde pas le fond. La cohabitation inédite des petits candidats avec les gros candidats a prouvé qu'elle pouvait donner des moments de campagne qui resteront. Il y a eu des interventions agaçantes, Jean Lasalle totalement hors sol ou François Asselineau qui passe son temps à décliner les articles des traités, mais on a vraiment assisté au moment de la démocratie, qui restera. De plus, on a vu que les petits candidats n'ont pas voulu jouer les potiches et ont lâché des coups mettant parfois en difficulté les candidats les plus importants.
On a vu les deux candidats de la classe ouvrière et du peuple, que sont Nathalie Arthaud et Philippe Poutou, sortir des phrases qui vont devenir cultes. « Je n'ai pas d'immunité ouvrière » ou « on aurait licencié en entreprise pour moins que ça ». On a également vu Mélenchon, qui a lancé à le Pen son fameux « foutez-nous la paix avec votre religion ». Des phrases qui donneront le sentiment que cette irruption a pu faire entendre des voix, que l'on n'entend pas ou seulement dans le cadre d'entretiens classiques.
Les grands candidats de leur côté devaient faire attention à ne pas prendre un coup mortel. Chacun tenait ses positions, afin de ne pas perdre de terrain. On a tout de même assisté à la rupture entre Jean-Luc Mélenchon et Benoit Hamon, ce dernier se concentrant enfin sur les autres candidats. On a vu que Jean-Luc Mélenchon voulait absolument passer devant François Fillon, tandis que ce dernier affrontait Nicolas Dupont-Aignan sur sa droite. Pendant ce temps Emmanuel Macron et Marine le Pen, qui étaient au centre des critiques, ont eux aussi bien montrés qu'ils voulaient jouer la finale de cette campagne. On verra à qui le résultat du premier tour donne raison.