single.php

Turquie : la polémique s'exporte à Metz, Erdogan salue la France

Par Benjamin Jeanjean

Alors que la Turquie et les Pays-Bas connaissent une crise diplomatique depuis l’interdiction d’un meeting du ministre des Affaires étrangères turc aux Pays-Bas, ce même ministre est attendu aujourd’hui en France, à Metz.

Recep Tayyip Erdogan, président de la Turquie

C’est un référendum qui fait décidément parler. Alors que le président turc Recep Tayyip Erdogan s’apprête à consulter son peuple sur un projet de loi lui octroyant plus de pouvoirs, plusieurs meetings de certains de ses ministres ont été annulés en Allemagne ces derniers jours. Ce week-end, les Pays-Bas ont eux aussi interdit au ministre turc des Affaires étrangères d’atterrir sur leur territoire, provoquant une crise diplomatique entre les deux pays. Crise qui s’exporte aujourd’hui… en France.

Réfoulé aux Pays-Bas, Cavusoglu attendu à Metz pour une réunion publique

En effet, une association turque tient une réunion publique ce dimanche à Metz avec MevlutCavusoglu, ministre turc des Affaires étrangères. Un meeting qui ne passe pas aux yeux du député (LR) Pierre Lellouche. "Il est hors de question d'accepter que des gouvernements étrangers, qui bafouent chez eux la démocratie, utilisent, sans vergogne, nos principes démocratiques pour faire campagne dans nos pays, auprès de leurs ressortissants immigrés chez nous", a-t-il déclaré dans un communiqué. Saluant "l’inspiration" du gouvernement néerlandais ce samedi, Pierre Lellouche regrette que le gouvernement français n’ait pas agi de la même façon. "Dans ce contexte, il est incompréhensible que le gouvernement Hollande-Cazeneuve ait autorisé le meeting électoral prévu à Metz ce dimanche".

Lellouche et Dupont-Aignan s’indignent, Erdogan félicite la France

Même son de cloche du côté de Nicolas Dupont-Aignan, candidat à l’élection présidentielle. Ce dernier assure en effet que "les autorités françaises ont choisi, une nouvelle fois, le déshonneur", affirmant que "le gouvernement se tait honteusement et se couche devant les exigences turques". Invité de l’émission Le Grand Jury (RTL – Le Figaro – LCI), le leader de Debout la France a clamé avoir "honte que notre gouvernement laisse un meeting d'un apprenti dictateur turc".

Mais pour les autorités françaises, la situation n’est pas aussi facile à appréhender. Au micro d’Europe 1, le secrétaire général de la préfecture de Moselle, Alain Carton, assure ainsi que "cette réunion s‘inscrit dans le cadre de la liberté de réunion, et cette liberté de réunion ne peut être contrainte que quand il y a des menaces à l’ordre public. Il n’y a pas de risques avéré. C’est la raison pour laquelle elle peut se dérouler". De son côté, Recep Tayyip Erdogan a félicité la France de "ne pas être tombée dans ce piège".

Ayrault joue l'apaisement, Fillon attaque Hollande

La polémique a en tout cas poussé Jean-Marc Ayrault, ministre des Affaires étrangères, à publier un communiqué pour tenter de calmer toutes les parties. "Face à la tension existant actuellement entre la Turquie et plusieurs Etats membres de l'Union européenne, la France appelle à l'apaisement. Elle invite également les autorités turques à éviter les excès et les provocations. Il est indispensable de faire preuve de responsabilité et d'éviter les polémiques inutiles", a-t-il déclaré. Des explications qui n'ont pas convaincu François Fillon, qui a critiqué l'attitude de François Hollande sur ce dossier. "Il est évident qu'une position commune aurait dû prévaloir pour gérer les demandes turques. Le gouvernement français aurait dû empêcher la tenue de ce meeting. (...) En agissant ainsi, François Hollande rompt de manière flagrante la solidarité européenne. De plus, deux de nos plus proches alliés, l'Allemagne et les Pays-Bas, ont été publiquement insultés de façon inqualifiable par les dirigeants turcs", s'est insurgé dans un communiqué le candidat de la droite à la présidentielle.

L'info en continu
08H
07H
04H
00H
23H
22H
21H
Revenir
au direct

À Suivre
/