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"Transposer Mai 68 à aujourd'hui est périlleux, nous sommes dans un autre monde"

Par Jérémy Jeantet

Gérard Leclerc, philosophe, journaliste et éditorialiste à France Catholique, était l'invité du Grand Matin Sud Radio.

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À l'occasion du 50e anniversaire des événements de mai 68 et alors que la France connaît un printemps agité sur le plan social, de nombreux parallèles sont établis entre les deux périodes. Une transposition "périlleuse" pour Gérard Leclerc, philosophe, journaliste et éditorialiste à France Catholique, invité du Grand Matin Sud Radio.

"Les grands acteurs de Mai 68, comme le Parti communiste, ont quasiment disparu de la scène, a-t-il expliqué. Même les groupes gauchistes ne sont plus ce qu'il était. Ce ne sont plus des acteurs majeurs. Nous sommes dans un autre monde et la transposition de Mai 68 à aujourd'hui s'avère, à mon sens, très périlleuse. On voit des tentatives de ressusciter l'insurrection de Mai 68 dans les universités, mais ça ne démarre pas, la masse des étudiants ne suit pas. Nous ne sommes plus dans la même situation, ne serait-ce que du point de vue économique. En 1968, on était en plein emploi. Aujourd'hui, on a un chômage endémique. On est à la recherche de sécurité, on n'a pas du tout envie d'aller à l'aventure."

 

Pour Gérard Leclerc, il n'y a plus, aujourd'hui, de "perspective utopique" dans les mouvements sociaux : "Il y avait une utopie en 1968, une utopie communiste ou communisante. Il y avait aussi les modèles du tiers-monde, on regardait du côté de Castro, par exemple. Tous ces mythes ont disparu. Le mythe révolutionnaire a été pulvérisé, on ne peut pas sortir des rails du capitalisme libéral. Et on est en situation d'insécurité permanente. Le plein emploi, en 1968, c'était rassurant, on pouvait rêver. Quand on est en précarité, on ne peut pas rêver."

Et les révoltes non plus n'ont pas les mêmes origines qu'à l'époque, selon lui : "Il y a ce que Jean-Pierre Chevènement appelait les élites mondialisées, qui représentent une certaine aristocratie, qui sont souvent loin du monde réel, de la France périphérique, qui est en déshérence. S'il y a des possibilités de révolte, elles sont de ce côté-là. Je pense que ce n'est pas le gauchisme qui nous menace. Les révoltes de 2005, dans nos banlieues, dans les quartiers perdus de la République, peuvent se renouveler demain, parce que la situation n'a pas changé. Nous sommes toujours à la merci d'une explosion."

Écoutez l'interview de Gérard Leclerc, invité du Grand Matin Sud Radio, présenté par Philippe Verdier et Billie

 

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