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Thierry Guerrier: "La stratégie des 3D du gouvernement: décontraction, détermination et dissimulation !"

Editorial politique

Retrouvez l'édito politique de Thierry Guerrier tous les lundis à 7h20 sur sudradio.fr

 

Le gouvernement a mis en place une stratégie de communication, pour tenter d’éviter l’affrontement social qui s’annonce, à partir de mardi...

C’est la stratégie des trois «D»: décontraction, détermination et dissimulation… Décontraction, d’abord avec cette lourde mise en scène hier après-midi, d’un gouvernement qui se réunit un dimanche soir à Matignon, pour travailler (certes), pour s’entendre sur le discours à tenir (surtout), pour éviter les couacs des semaines précédentes. Mais un gouvernement qui s’affiche en jean, col roulé, et chemises ouvertes, pour bien signifier par ces symboles vestimentaires appuyés que rien ne fait peur à exécutif et qu’il aborde l’échéance de la grande mobilisation du 5 décembre dans la sérénité !

Tout ça faisait un peu surjoué hier mais les acteurs sont restés fidèles au texte écrit à Élysée…

 

Car derrière cette mise en scène, le message de fond, dicté par Emmanuel Macron lui même, c’est bien « on ne lâchera rien ! » ?

C’est le deuxième «D», celui de la détermination, avec une communication gouvernementale qui développait ce week-end deux messages:

1/Une critique féroce des régimes spéciaux pour justifier la réforme des retraites, sur le thème «les maintenir (ces régimes qui coûtent chers) serait injuste, puisque, tous, nous payons les privilèges de quelques-uns»

2/Deuxième message : «la réforme se fera ! Blocage ou pas blocage du pays. Nous ne céderons pas». C’est notamment, Gérald Darmanin, le ministre en charge des comptes publics, qui serinait ce discours hier dans le JDD.

Est-ce que cette stratégie peut payer et éviter le grand blocage ?

Non, je ne crois pas... ça ne suffira pas ! D'abord parce que (comme je le soulignais ici lundi dernier), les syndicats veulent à leur tour faire une démonstration de force sociale, pour ne plus se laisser distancer par les gilets jaunes… Ils se sont préparés financièrement, techniquement, et politiquement, pour tenir. Et puis cette stratégie, qui consiste à diviser les français entre «supposés privilégiés» et «futur victimes des blocages» a trouvé une limite: celle de la très mauvaise pédagogie de sa réforme, faite par le gouvernement.

C’est ce que vous appelez la dissimulation ?

C’est le troisième «D», en effet, celui de la dissimulation… Evidemment le gouvernement n’a pas dissimulé sciemment ses intentions. Il a toujours dit qu’il souhaitait un régime unique, universel mais en restant extrêmement flou sur les facteurs de calculs des nouvelles retraites après réforme (en laissant entendre par exemple qu’on ne calculerait plus la pension sur la moyenne des meilleures années), il a donné l’occasion aux syndicats de simuler des scénarios de futures retraites, beaucoup plus modestes qu’aujourd'hui… et ça risque de mettre le feu !

Il a beau dire que ce ne sont que des hypothèses, on retient surtout un message : «avec cette réforme, je vais toucher moins !». Cette «dissimulation» du gouvernement, à son corps défendant, risque de mettre, jeudi, de nombreux français en grève et dans les rues.

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