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Retour sur l'étrange audition d'Alexandre Benalla

Une audition dont il ne ressort, au final, pas grand-chose...

Cette audition est étrange parce que nous avions, face à nous, un agneau, un jeune homme bien élevé, répondant poliment, s'excusant, dès le départ, d'avoir traité de "petit marquis" le président de la Commission. Loin de l'énergumène casqué tabassant un manifestant sur la place de la Contrescarpe le 1er mai.

Étrange aussi dans ses explications. Une fois passés les milliers de détails sur la vie des cabinets, il a affirmé ses deux vérités à lui : Non, il n'a jamais été le garde du corps d'Emmanuel Macron. Problème, ses mots percutent les dizaines d'images où l'on voit le président et Benalla dans une proximité totale, au ski à La Mongie, en vélo, dans les meetings... Ses mots sauront-ils être plus forts que les images ?

Et, deuxième affirmation : Non il n’a jamais porté une arme pour des raisons de services mais pour des raisons personnelles car il était menacé en tant que collaborateur de l'Élysée. Cette déclaration pose encore plus de problème car elle a été contredite, dans la foulée, par l'ancien directeur de cabinet du préfet de police qui affirme que le port d'armes accordé à Alexandre Benalla l'a été pour des raisons de service.

Les deux hommes témoignaient à deux heures d'intervalle, sous serment. Qui ment ?

Après 2h15 d'audition, on a une seule certitude. Alexandre Benalla est malin, maîtrise très bien la communication. Ça, c'est pour la forme. Sur le fond, son rôle auprès de Macron, sa proximité, les fonctions qu'il s'est arrogées ou pas... Tout ça reste flou.

Cette Commission d'enquête a servi au moins à Alexandre Benalla, dont tout le monde a reconnu la maîtrise. Elle a servi au Sénat et à Philippe Bas, dont tout le monde reconnaît l'acuité et le brio. Le Sénat, qui semble souvent sommeiller sous les frondaisons du Jardin du Luxembourg, s'est réveillé aux yeux de l'opinion.

D'autant plus que l'Élysée poursuit son bras de fer avec le Palais du Luxembourg. Intervention d'Emmanuel Macron auprès de Gérard Larcher la semaine dernière, propos très durs de Christophe Castaner et, à peine l'audition terminée hier, cours de déontologie de Benjamin Griveaux aux sénateurs...

Une stratégie de "délégitimisation" de cette commission très trumpiste en fait. Se victimiser et décrédibiliser les institutions. C'est très risqué et surtout inefficace, parce que le mal est fait et que, même si l'audition de Benalla n'est pas catastrophique en terme de communication pure, le sentiment de doute, de flou, perdure.

Le questionnement, le sentiment d'arrangement, de fébrilité, de non-dit, pour ne pas dire de mensonge. L'opinion veut de la clarté.

Selon un sondage Elabe, 74 % des Français sont choqués par cette affaire. C'est probablement la plus grande faute politique de l'Élysée, avoir sous-estimé la portée de cette affaire et avoir laissé se distiller son poison, cristallisant un mécontentement, une impatience des Français.

L'erreur est si manifeste qu'Emmanuel Macron devrait tenter de la corriger en intervenant, en octobre, si l'on en croit les informations de Marianne. Pas seulement sur Benalla, mais sur sa vision de l'état du pays.

Une intervention cruciale alors que tous les compteurs sont à l'orange vif : baisse du pouvoir, stagnation du chômage, désordre politique et, plus grave, sentiment d'un président arrogant et hors sol.

Tout cela pousse Emmanuel Macron à réagir, car il sait que, malgré toutes les auditions du monde, de Benalla au préfet de police, en passant par le ministère de l'Intérieur, une seule parole va véritablement compter : la sienne.

 

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