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Philippe Juvin : "le déconfinement a été raté"

Philippe Juvin, Professeur de médecine, chef du service des urgences de l’hôpital Pompidou et maire LR de La Garenne-Colombes, était l’invité du “petit déjeuner politique” de Patrick Roger le 16 octobre sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 7h40.

Philippe Juvin, Professeur de médecine, chef du service des urgences de l’Hôpital Pompidou et maire LR de La Garenne-Colombes, interviewé par Patrick Roger sur Sud Radio le 16 octobre à 7h40.

Philippe Juvin : "Les autorités n’ont pas vraiment cru à la deuxième vague et ne nous ont pas préparés"

Quelle est la situation aux urgences de l’hôpital Pompidou ? "Il y a 30 à 40% des lits de réanimation occupés, beaucoup de patients qui entrent à l’hôpital, un encombrement aux urgences à cause de patients à qui on ne trouve pas suffisamment de lits, détaille Philippe Juvin, Professeur de médecine, chef du service des urgences de l’hôpital Pompidou et maire LR de La Garenne-Colombes. Si vous aviez un nombre infini de lits de réanimation, vous pourriez toujours soigner les gens, et n’auriez pas besoin de confiner.

 

Le vrai sujet est donc de ne pas pouvoir hospitaliser tout le monde dans trois à quatre semaines parce que nous n’avons pas suffisamment de lits, raison pour laquelle le Président a confiné. C’est en lien direct avec des moyens insuffisants. Chaque fois, j’ai dit 'je ne sais pas si la deuxième vague arrivera, mais il faut la préparer', en ayant une politique de test, en isolant, en ouvrant des lits. Le déconfinement a été un échec, mal mené. À partir de là, on s’exposait à des conséquences que nous sommes en train de vivre. Le président de la République, il y a deux jours, ne pouvait pas faire autrement que tirer des leçons de cet échec, de cette étrange défaite, et de reconfiner partiellement."

Pourquoi a-t-on raté ce déconfinement ? "Parce que les autorités n’ont pas vraiment cru à la deuxième vague et ne nous ont pas préparés, déplore Philippe Juvin. Nous avons 5.000 lits de réanimation en France, comme au mois de mars. Nous sommes passés de 5.000 à 12.000. Mais quand on fait cela, on prend les lits en plus sur les lits d’hospitalisation traditionnelle, ce qui diminue la capacité à accueillir d’autres malades."

"Les autorités n’ont pas agréé les tests assez rapidement"

Est-ce vraiment une deuxième vague ? "Il y a une deuxième vague, mais pas de même nature, explique Philippe Juvin. On avait un mur, un tsunami en mars. Là, nous avons une vague qui monte plus doucement, mais de manière vraie et constante. Si vous êtes infecté aujourd’hui et que vous faites une forme grave, vous la ferez dans 3, 4 ou 5 semaines. La mesure prise aujourd’hui avec le confinement partiel n’a des effets que dans 4 à 5 semaines. C’est comme un pétrolier, on a besoin de temps pour l’arrêter."

Faut-il revoir la stratégie en place en termes de tests ? "Il est évident qu’il faut une stratégie de tests intelligente, que nous n’avons pas eue jusqu’ici. Je le dis depuis sept mois, rappelle le Professeur. Quand on détecte quelqu’un de positif, ne pas le renvoyer chez lui. On dit que l’on va isoler les gens dans des hôtels, mais on ne le fait pas. Le confinement est pénible, gênant, mais dire que ce n’est pas efficace au niveau sanitaire, ce n’est pas vrai." Qu’est-ce qui bloque ? L’administration est-elle trop lente ? "On constate une lenteur très grande à prendre la décision que l’on va débloquer un test. On semble être à la recherche du test parfait qui n’existe pas. Les autorités n’ont pas agréé les tests assez rapidement, nous n’avons pas été agiles."

"Les médecins sont là pour éclairer le pouvoir politique"

Qui dirige ? Le conseil scientifique ? Olivier Véran ? s'interroge Patrick Roger. "Je crois que beaucoup de gens, dont moi, se posent cette question, confie Philippe Juvin. Les médecins sont là pour éclairer le pouvoir politique. Les conséquences sont tellement immenses sur l’économie que, forcément, les décisions des politiques ne peuvent pas être éclairées que par les médecins. Les médecins sont des sachants, aux politiques de faire le choix."

Faut-il annuler les futures élections ? "Une étude a montré que le premier tour des municipales n’a pas affecté l’épidémie. Je pense que c’est très dangereux de repousser des élections. Nous sommes en démocratie, attention."

 

Y a t-il un risque de contamination dans les transports en commun ? "Il y a un risque partout, tient à préciser le Professeur. La question est la balance entre le bénéfice et le risque dans chaque activité. Si vous fermez les transports, il n’y a plus d’activité humaine. L’étude montre qu’il y a très peu de clusters qui naissent dans les transports, parce que l’on porte le masque et que l’on ne parle pas. Peut-on faire autrement ? Je ne le crois pas. On a bien fait de les maintenir."

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