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"On va réautoriser la filière betteravière à empoisonner nos campagnes"

La réautorisation des pesticides néonicotinoïdes pour lutter contre la destruction des betteraves inquiète les apiculteurs. Reportage de Martin Juret.

Le gouvernement français a décidé de réautoriser l’utilisation de pesticides néonicotinoïdes sur le territoire, pour protéger les betteraves. Une décision qui revient sur l’interdiction, entrée en vigueur en 2018, qui visait à protéger les abeilles, les néonicotinoïdes étant accusés de les tuer. Reportage en Seine-et-Marne de Martin Juret.

"Toutes mes ruches vont s’affaiblir"

Gérard Bernheim, apiculteur, s’inquiète car ses ruches sont entourées de champs de betteraves. "Une année, j’ai perdu la totalité de mes ruches, suite à des traitements qui avaient été faits en pulvérisation", se souvient-il amèrement. L’apiculteur, également président des syndicats apicoles de Seine-et-Marne, juge que, pourtant, depuis l’interdiction des néonicotinoïdes, la situation s’était améliorée. "On est passés de 10 %, en gros, de pertes de ruches, à 3 %."

La nouvelle technique d’application des pesticides, qui ne seront pas pulvérisés mais enrobés directement sur les graines, ne convainc pas. "Toutes mes ruches vont s’affaiblir", estime l’apiculteur las de se "bagarrer" pour maintenir les abeilles en vie. "C’est toujours un peu peine perdue : je perds, je perds, je perds." "Je dépense de l’argent pour finalement ne pas produire."

 

Les autres pesticides ont été "totalement inefficaces"

La réautorisation des néonicotinoïdes vise à sauver la culture des betteraves, aucune alternative pour lutter contre la maladie transmise par le puceron vert, la jaunisse de la betterave, n’existant à ce jour. Nicolas Rialland, de la Confédération des planteurs de betteraves, justifie la décision du gouvernement : "Il y a deux insecticides qui sont autorisés pour contrôler les pucerons", souligne-t-il, mais "ces produits se sont avérés, cette année, totalement inefficaces", et ce malgré plusieurs traitements.

 

"On va réautoriser la filière betteravière à empoisonner nos campagnes"

Malgré cette nécessité, pour Clément Sénéchal, chargé de campagne climat à Greenpeace France, la décision du gouvernement est "un recul dramatique pour l’environnement". "On va réautoriser la filière betteravière à empoisonner nos campagnes avec des pesticides qui vont se retrouver, au final, dans nos assiettes", déplore-t-il. "C’est un désaveu particulièrement douloureux et significatif pour Barbara Pompili."

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