Elle accuse le coup des déclarations sur les fonctionnaires et les juges. Il est trop tôt pour dire si c'est un mouvement de fond ou une variation passagère, mais il est clair que ces déclarations de Marine le Pen, les éventuelles répressions contre des fonctionnaires qui voudraient lancer des enquêtes contre elle, résonnent au Front national. En interne, on murmure que cela serait le premier faux-pas politique, ce n'est pas anodin.
Car, porter atteinte aux corps intermédiaires, aux fonctionnaires en particulier, chez qui Marine le Pen compte beaucoup d'électeurs, est, au moins, une bévue, au pire, une sortie de route. La machine de guerre Lepeniste est bien huilée, elle oppose fonctionnaires de terrain contre hauts-fonctionnaires du système, toujours antisystème, c'est la pratique de Marine le Pen. Mais l'écho de ces paroles peut être fort, puisque, au-delà du premier tour, il faut ensuite parvenir à rassembler. C'est une erreur révélatrice. Et si Marine le Pen ne croyait pas en sa victoire ? Ce sont des propos qui, peut être, témoignent d'un doute, qui existe peut-être au fond. Est-ce que, effectivement, elle ne joue pas le fait d'êtredéjà perdante ?
En ciblant un des rouages de la démocratie, il faut le dire la justice est de plus en plus libre d'aucune forme de pression, la presse est libre et les fonctionnaires sont, quand même, républicains, pour la première fois Marine le Pen donne corps à l'imagination de ceux redoutant un régime autoritaire, une sorte de dictature. Les autocrates font toujours ce qu'ils disent, c'est leur marque de fabrique.