Cela faisait plusieurs jours que les commentateurs politiques défendaient l’idée d’une prise de parole du Président. On en conclut que ça correspondait à des bruits qu’ils obtenaient en provenance de l’Élysée. Donc le principe d’une intervention était acquis. Logique, d’ailleurs : sa courbe de popularité fléchit, encore qu’une courbe de popularité ne signifie pas grand chose. En revanche, il est un chiffre qui a dû beaucoup inquiéter le Président : derrière sa cote de popularité moyenne (39%), ce sont en fait 65% des cadres qui le soutiennent, mais seulement 27% des classes populaires. Et cette fracture-là, elle est profondément dangereuse. Parce qu’elle nous raconte qu’en cas d’échec de sa politique, d’ici un an ou deux, la colère qui avait conduit 50% des électeurs à voter pour des partis anti-européens proposant un modèle économique différent, se fera à nouveau entendre.
Il va donc tenter de les convaincre qu’il n’est pas le président des gagnants de la mondialisation néolibérale, de ceux qui acceptent la dérégulation parce qu’elle les enrichit ou qu’ils s’en sortiront toujours, alors que les perdants seront privés de leurs seule richesse : le bien commun et les services publics.
Avez-vous déjà entendu des journalistes, des représentants des élites, parler du journal télévisé de Jean-Pierre Pernaut ? Ils sont persuadés que c’est un truc pour les ploucs. Un journal télé qui parle du dernier sabotier de village ou des beautés de la France rurale est forcément poujadiste, démago, voire pétainiste. "La terre, elle, ne ment pas". Et puis, pour ces élites, parler au peuple, c’est être populiste. C’est d’autant plus hallucinant que, si vous allumez la télévision en Italie ou en Espagne, il y a des reportages sur les terroirs, les paysages, les traditions, sans que personne ne considère ça comme du crypto-fascisme.
C’est sur ce 13h de TF1 que sont beaucoup de gens du peuple. Il les atteindra plus qu’en parlant dans Le Monde. Mais les reportages sur la vraie vie des Français ne suffiront sans doute pas. Justement parce que les Français ne sont pas idiots. Ce qu’ils attendent, ce sont des résultats. Ils ont bien compris qu’Emmanuel Macron veut adapter la France à la mondialisation et que pour l’instant, la mondialisation a creusé les inégalités et détruit les classes moyennes, et que l’Europe ne protège pas.