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L'intervention d'Édouard Philippe au 20h de France 2

L'intervention d'Édouard Philippe hier soir sur France 2, qui avait pour but de tenter de calmer la crise des "gilets jaunes" a renvoyé l'impression d'un premier ministre droit dans ses bottes. Il y avait du Juppé de 1995 - pendant la crise des cheminots - en un peu plus souple, plus affable, moins rigide que […]

L'intervention d'Édouard Philippe hier soir sur France 2, qui avait pour but de tenter de calmer la crise des "gilets jaunes" a renvoyé l'impression d'un premier ministre droit dans ses bottes. Il y avait du Juppé de 1995 - pendant la crise des cheminots - en un peu plus souple, plus affable, moins rigide que son mentor. Mais l'argument était le même : "quelle que soit la légitimité de la critique exprimée, le pays n'a pas le choix, donc j'entends mais je ne change pas de cap". À l'époque, il s'agissait de préserver les retraites, aujourd'hui il s'agit de réduire les émissions de carbone et de préserver la planète. Donc oui, c'est la version 2018 du fameux "droit dans mes bottes" d'Alain Juppé en 95 en beaucoup moins condescendant tout de même. 

Et cette intervention qui avait pour but de calmer le jeu n'était pas un choix du pouvoir, il n'avait d'autres options que de le faire. Le nombre très important de barrages et d'actions des gilets jaunes ont fait de ce mouvement un succès. Le message est passé ! Les Français ont d'ailleurs accueilli le mouvement, globalement, avec sympathie. Ensuite le fait qu'une manifestante ait été tuée et le nombre considérable de blessés (plus de 400 !) imposait de ce fait une intervention au plus haut niveau. Édouard Philippe s'est donc à la fois montré ferme, incarnant l'autorité de l'État et apaisant pour ne pas humilier les gilets jaunes alors qu'il ne recule pas sur le fond. Il reconnaît qu'il y a un "ras le bol fiscal" (ce qui n'est pas rien dans sa bouche) et dit comprendre la colère, la souffrance, le sentiment d'abandon, de déclassement même, des Français qui ont manifesté. 

Mais est-ce que cela va suffire à mettre fin au mouvement sans mesure concrète ? Il est peu probable que les gilets jaunes vont se contenter de cette autre formule alors que le premier ministre a répété plusieurs fois : "nous allons accompagner les Français en difficulté". Que cache ce verbe "accompagner" ? Si c'est perçu comme une façon de noyer le poisson et que l'exécutif ne trouve pas de débouché politique au baroud de ce week-end, alors cette colère stérile risque de figer définitivement la fracture qui s'est creusée entre Emmanuel Macron et les Français. Certes, le Président de la République aurait été inaudible s'il avait pris lui-même la parole hier, étant la tête de turc des gilets jaunes. Mais ça tombait bien, il était à Berlin pour un discours au Bundestag ! Le premier ministre l'a donc préservé, c'est la force de la Vème République. Mais, c'est reculer pour mieux sauter : s'ils veulent éviter une grave impasse politique, le Président et le premier ministre doivent impérativement trouver un moyen de répondre à la fois aux exigences écologiques et aux exigences sociales des Français ! 

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