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Les Républicains, le PS, le FN... La décomposition partisane se poursuit

Quand les esprits et les sociétés sont en désordre, nul système politique ne peut étouffer ce désordre.

 

Les Constructifs exclus des Républicains créent un nouveau parti. En tout cas, ils le laissent entendre. Juppé, fidèle à lui-même, plaide pour ce grand parti du centre dont il rêve depuis l’époque où il voulait extirper le gaullisme du RPR, qu’il a fini par noyer dans l’UMP. Xavier Bertrand ne paie plus sa cotisation à LR, Valérie Pécresse a lancé son micro-parti, Christian Estrosi proclame qu’il n’est pas dans l’opposition et lance La France Audacieuse, Jean-Pierre Raffarin s’est mis à la retraite, Nicolas Sarkzoy en retrait, François Baroin annonce son retrait de la politique tandis que Laurent Wauquiez se prépare à être élu président de ce qui restera des Républicains.

L’appel de Marine Le Pen ne facilite pas la tâche de Wauquiez, qui voudrait bien recentrer son image et prendre la posture de rassembleur, même s’il ne se fait pas d’illusion sur sa capacité faire changer d’avis ceux qui sont sur le départ ou qui ont déjà rejoint le macronisme.

Mais comment ne pas perdre tous ceux qui ne voient l’avenir que dans un rassemblement de toutes les droites, sans rebuter les modérés, qui lorgnent au centre vers l’européisme libéral et le macronisme ?

S’il cède à Mme Le Pen, qu’il va vers l’alliance, il perd une grande partie de ses troupes, mais s’il les rejette trop violemment, il perd l’espoir qu’il caresse de ramener à lui une grande partie des électeurs du FN.

Problème de personnes, sans doute, mais aussi d’idéologie. La droite n’existe que quand elle s’oppose à la gauche. Mais aujourd’hui, ce n’est pas la gauche qui est au pouvoir et c’est beaucoup plus compliqué.

François Fillon, lui, a décidé d’abandonner son mouvement, La Force Républicaine. C’est la conséquence logique de tout ce qui s’est passé au cours des derniers mois et de la désintégration du face à face droite-gauche tel que nous le connaissions depuis l’effacement du gaullisme.

Celui que les commentateurs ont vu un temps comme gaulliste social, héritier du Séguinisme, avait fini par incarner ce mélange de droite dure sur les questions de société et de libéralisme pur et dur sur les questions économiques et le pacte social. Une droite dont le socle sociologique est trop étroit pour pouvoir incarner un courant dominant de la politique française. François Fillon incarnait à l’extrême les contradictions intenables de l’UMP dès lors qu’aucune personnalité charismatique n’est plus là pour les masquer et servir de ciment. Et il n’était pas cette personnalité charismatique.

Ça ne va pas non plus pour le parti du président. Les militants LREM sont tellement préoccupés de ne pas être un parti de la vieille politique, qu’ils en ont oublié ce qu’est un parti politique et la logique des institutions de la Ve République, qui a pourtant donné tout le pouvoir à leur candidat. Sous la Ve République, le parti du président est aux ordres du président. Il est là pour le soutenir, c’est la logique des institutions.

LREM n’est pas une famille politique mais un agrégat de circonstances, dont le seul ciment est Emmanuel Macron, ou plutôt le candidat Macron.
Or un parti politique n’est pas une affaire de circonstances, mais une affaire de durée.

Une famille politique apprend à être une majorité ou une opposition au fil du temps. Une famille politique est soudée par des valeurs et une histoire qui a commencé, en général, sous une autre forme, bien avant elle. Les autres familles de la politique sont en crise parce qu’elles ont renié leurs valeurs et leur histoire.

J’en prends le pari, la République en Marche ne deviendra pas une famille politique.

Que celui qui a une idée de ce que sera la suite de cette histoire lève la main.

Le même désordre s’installe partout, avec des systèmes politiques aussi différents que ceux du Royaume-Uni, des États-Unis, de l’Allemagne, de l’Espagne, de la France… Preuve que, quand les esprits et les sociétés sont en désordre, nul système politique ne peut étouffer ce désordre.

Écoutez la chronique d'Henri Guaino dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard

 

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