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Les Oscars des Républicains

Éric Naulleau revient sur l'annonce faite par François Fillon hier, qui est décidé à aller jusqu'au bout de l'élection présidentielle.

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Lorsqu'hier, vers 12 h 45, François Fillon eut prononcé le dernier mot de son allocution. On crut tout d'abord à un remake de la dernière cérémonie des Oscars, Éric Woerth, François Baroin ou Valérie Boyer allaient monter sur scène, indiquer à l'orateur qu'il avait tiré son discours de la mauvaise enveloppe. Après un moment d'embarras et de flottement, le futur ex-champion des Républicains annoncerait qu'il renoncerait à se présenter à la prochaine présidentielle. Vous le savez, il n'en fut rien. Il fallait prendre au sérieux, ce qui venait d'être dit.

Son inculpation à venir, le 15 mars, n'entamait nullement sa stature présidentielle, avait donc annoncé le même homme, qui demandait pourtant, il y a quelques mois, « Qui imagine un seul instant le général De Gaulle mis en examen ». De qui se moque-t-on ? La justice avait fait preuve dans son cas d'une excessive célérité, ce n'était donc point le même homme, qui twitait il y a quelques mois, « contre les délinquants, la sanction doit être certaine, rapide, dissuasive, l'impunité zéro doit être la règle ». De qui se moque-t-on ? « C'était un assassinat politique », s'était indigné le même homme, dont Jean-Pierre Jouyet affirmait pourtant, il y a quelques mois, qu'il avait demandé à l'Élysée d'accélérer les procédures contre Nicolas Sarkozy, afin d'éliminer un rival. De qui se moque-t-on ? La présomption d'innocence continuait de s'appliquer, avait donc fait valoir le même homme, qui s'en était pourtant exempté, il y a quelques semaines, en promettant de se retirer, s'il était mis en examen. De qui se moque-t-on ? Mais, il y a encore plus grave.

En criant au complot politique et à la république des juges, François Fillon légitime les attaques inouïes et scandaleuses portées dimanche dernier par Marine le Pen, d'une part contre la magistrature, on rappelle ses propos «  les magistrats ne sont pas là pour faire la loi, ni pour contrecarrer la volonté du peuple », et de l'autre contre la police, accusée de servir l'intérêt de mystérieuses officines. En franchissant ainsi, deux fois plutôt qu'une, la ligne blanche, la fille de Jean-Marie le Pen invitait à reconsidérer la question de savoir, si le Front national est bien un parti comme les autres. En remettant en cause, sans le moindre élément de preuve, l'action de deux piliers de la nation, les forces de l'ordre et la magistrature, Marine le Pen s'était, selon moi, de nouveau exclue du champ républicain. François Fillon vient de l'y rejoindre.

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