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Les élections italiennes confirment le malaise de civilisation européenne

Les bons scores réalisés par les partis populistes italiens aux élections législatives montrent que les partis protestataires progressent partout en Europe.

 

Une coalition de droite est arrivée en tête des élections législatives italiennes, marquées par la présence, en toile de fond, de Silvio Berlusconi.

Mais on ne peut pas présenter les choses de cette manière, qui laisseraient entendre que tout est normal dans la démocratie italienne et que tout se passe comme d’habitude.

En réalité, il faut regarder les choses en face. La coalition dans laquelle se trouve Silvio Berlusconi est une coalition très hétéroclite et le parti qui arrive en tête est celui de la Ligue du Nord et non celui de Silvio Berlusconi, Forza Italia. Avec, en plus, un score non-négligeable dans la coalition qui est celui de ce qu’on appelle l’extrême-droite, qui est un peu l’héritier du parti néo-fasciste italien.

D’un autre côté, on constate la montée du parti Cinq Étoiles, le fameux parti populiste, ni vraiment à droite, ni vraiment à gauche. Il faut bien remarquer une chose, c’est que les divergences idéologiques sont très fortes, d’abord à l’intérieur de la coalition de droite, qui arrive un peu en tête.

Les estimations actuelles donnent aux alentours de 37 % à cette coalition, dont plus de 17 % pour la Ligue du Nord, soit 3 ou 4 points au-dessus de Forza Italia.

Si on fait le compte en sièges de ce que pourraient ramasser d’un côté la Ligue du Nord et de l’autre Forza Italia, ils auraient probablement la majorité absolue à eux tous seuls, au Sénat comme à l’Assemblée.

On se retrouve donc dans une situation qui pose une interrogation profonde. Ce sont les partis protestataires qui ont gagné, comme ils ont gagné en Autriche, comme, au fond, ils ont bouleversé le jeu en Allemagne, comme ils ont bouleversé le jeu aux Pays-Bas, où il a fallu six mois pour constituer un gouvernement. Et je ne parle pas de la Pologne, de la Hongrie, de la Slovaquie…

La France, compte tenu de ses institutions, le système politique français n’a pas été pour l’instant impacté. Les institutions font qu’à la fin, vous avez une majorité absolue présidentielle, un président de la République, un gouvernement…

Tous ces événements devraient d’ailleurs nous faire réfléchir à l’idée d’introduire une trop grande part de proportionnelle dans le scrutin législatif.

Plus intéressant que cela, même le système anglais, uninominal à un tour, qui fabrique normalement du bipartisme, s’est retrouvé dans une situation où Mme May n’a pas vraiment de majorité à elle toute seule et est obligée de composer avec une coalition très fragile. Il y a donc partout des coalitions, et je ne parle pas de l’Espagne.

Laissons la France de côté, car les institutions de la Ve République lui permettent, pour l’instant, d’être gouvernée de façon stable et de tenir les extrêmes en lisière. Dans tous les autres pays, c’est un champ de ruines. On voit bien que derrière, la société est travaillée par des forces puissantes.

En Italie, c’est très intéressant. C’est à la fois une contestation contre l’UE, la mondialisation, l’immigration… Ce sont aussi deux protestations géographiques, c’est-à-dire, peut-être, deux formes d’égoïsmes régionalistes, je pense à la Ligue du Nord d’un côté et, derrière, le mouvement Cinq Étoiles qui rafle beaucoup de sièges au sud.

Tous les ingrédients de la crise qui travaillent tous les pays de l’UE sont réunis. L’Italie, ce n’est pas rien. On peut se dire que l’Autriche, ce n’est pas très grave, mais l’Italie, l’Allemagne, l’Espagne, l’Angleterre qui fait le Brexit et qui n’a pas de majorité.

Tout cela donne une vision du malaise social et du malaise de civilisation européenne qu’on ne pourra pas régler simplement en essayant de punir l’Angleterre pour avoir fait le Brexit ou en sautant sur sa chaise, protestant qu’il est scandaleux que les partis extrêmes troublent le jeu démocratique dans les pays européens.

Écoutez la chronique d'Henri Guaino dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard

 

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