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Les bizuts de l’Assemblée nationale devraient vite déchanter

Depuis lundi, 424 nouveaux députés découvrent l’Assemblée nationale des étoiles plein les yeux. Mais les institutions et pratiques de la Vème République pourraient bien vite les faire redescendre sur Terre.

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J’ai une pensée ce matin pour tous ces nouveaux députés qui découvrent depuis hier l’Assemblée nationale. Ils sont 424 nouveaux, sur 577 députés. C’est un record, il faut remonter à 1958 pour retrouver l’ancien record de bizuts : 310. Même en 1981, avec la fameuse vague rose, il n’y en avait eu "que" 215. Ils visitent depuis hier, et à quoi pensent-ils en découvrant les lustres et les dorures du Palais Bourbon, et puis aussi les locaux exigus et pas très confortables qu’on leur affectera comme bureaux ? Ils les trouveront formidables dans un premier temps, parce qu’ils recevront leur cocarde tricolore et leur écharpe. On leur parlera de la salle Colbert, la salle Empire, la salle des Quatre Colonnes, qu’ils n’avaient vue qu’à la télévision. Une fois dans l’hémicycle, peut-être penseront-ils à Jaurès, à Hugo, à Mitterrand, à Simone Veil, à Badinter, à De Gaulle sans doute ! 

Laissons-les rêver un peu, ils déchanteront plus tard. Tout simplement parce qu’il ne peut pas en être autrement. S’ils sont dans l’opposition, ils constateront vite qu’ils ne servent pas à grand-chose, que le fait majoritaire s’impose à tous et que les anciens n’ont pas très envie de leur faire de la place. S’ils sont dans la majorité (les plus nombreux), ils découvriront… qu’ils ne servent pas à grand-chose non plus, à part voter au garde-à-vous les textes du gouvernement. Ils pourront poser une question de temps en temps, si le président de groupe le décide ainsi, pareil pour les amendements. Je me demande si certains, par exemple les chefs d’entreprise, ne se demanderont pas au bout de quelques mois s’ils n’étaient pas plus utiles avant.

Je ne veux pas les décourager, je voudrais simplement leur rappeler que les institutions de la Vème République sont ainsi faites que les députés n’ont pas un énorme pouvoir. C’est comme ça, c’est dans le texte de 1958 ! Ils ont le pouvoir de la parole, ça c’est déjà beaucoup. Il faudra juste se rappeler qu’en 1993, le Parlement ne siégeait que six mois par an, pour laisser au gouvernement le temps de travailler tranquille.

Un petit conseil qu’on peut leur donner, c’est sur la partie contrôle de l’action gouvernementale. Là, il y a un vrai pouvoir que bien souvent les députés n’utilisent pas parce qu’il n’en connaissent même pas le fonctionnement. Pour le reste, ils veulent changer la politique. Soyons clairs : je souhaite vraiment qu’ils y parviennent parce que la politique en a besoin. On a vu avec ces élections tous les problèmes qu’il y avait et le ressentiment des électeurs envers les hommes et les femmes politiques.

J’ai quand même un doute au vu de nos institutions. Mais vive l’Assemblée nationale quand même !

Réécoutez ici l’édito politique de Béatrice Houchard dans le Grand Matin Sud Radio

 

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