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L'édito politique de Thierry Guerrier - "Son image a été abîmée mais Jean-Luc Mélenchon n’a pas fini de nous surprendre"

Éditorial politique

Dans mon édito politique, ce lundi matin, je reviens sur l’entrée en lice, ce dimanche soir, d’un nouveau candidat à l’élection présidentielle de 2022, à gauche cette fois... c’est Jean-Luc Mélenchon.

Jean-Luc Mélenchon, c’est un "vieux loup" de la scène politique française. Il a le sens du timing, le sens du rythme politique. L’annonce de sa candidature, hier soir, en direct sur TF1, c’est un bon calcul.

En ce moment, la gauche se cherche, elle n’a pas vraiment de leader. Les socialistes ne savent pas qui présenter. Il y a bien Arnaud Montebourg, devenu chef d’entreprise, qui veut revenir en politique, François Hollande qui fait tout pour revenir tout court mais ça n’imprime pas dans les esprits. Les verts, eux, se divisent entre Yves Jadot, le modéré, et Éric Piolle, le maire de Grenoble écolo-radical. Bref, personne n’émerge vraiment à gauche. Or nous sommes à moins de 18 mois de l’élection. Ça va venir très vite. On ne sait pas si, avec le Covid, il y aura vraiment une campagne avec meeting et déplacements classiques. Les candidats auront du mal à s’imposer. Mélenchon l’a compris et c’est donc ce moment de flou absolu que choisit le patron de la France Insoumise pour sortir du bois et dire "ça suffit, on ne peut pas attendre plus longtemps, il faut proposer une alternative crédible, à gauche, à Emmanuel Macron !".

Mais la "gauche", ce n’est pas lui ?

Ah ça, que Jean-Luc Mélenchon soit contesté à gauche, y compris au sein même de son mouvement, ça ne fait aucun doute. Certains à "La France Insoumise", comme le journaliste et député François Ruffin, ont espéré succéder au patron pour la course à l’Élysée. Trop tard.

Le PS, lui, n’accepte toujours pas que Mélenchon lui soit passé devant et la moitié des socialistes - comme Valls ou Hollande - le détestent. Le Parti Communiste s’en méfie car il braconne sur ses terres. Vous voyez donc que si Mélenchon veut vraiment réunir tout ce petit monde, il fallait bien démarrer tôt et dépasser ces calculs d’appareils. Il pense que l’opinion a soif d’autre chose qu’en période de crise sanitaire et de menace terroriste. La gauche doit offrir un pôle de stabilité et que ce pôle il peut l’incarner. Pour ça, il faut qu’il soit candidat une troisième fois, après sa candidature en 2012 et en 2017 et fort de ses presque 20% au 1er tour de la dernière présidentielle.

Mais comment espérer figurer au second tour s’il n’apparaît pas comme "le" candidat légitime à gauche ?

C’est justement pour créer une dynamique autour de sa personne et pour éviter de se noyer dans les débats byzantins sur d’éventuelles primaires à gauche que Jean-Luc Mélenchon a proposé hier soir que ce soient les électeurs eux-mêmes qui parrainent sa candidature. Il innove et c’est plutôt habile. Il demande aux gens d’aller parrainer sa démarche sur une plateforme web (qui devrait s’appeler "cause commune") et il fixe le plancher à 150 000 parrains populaires. En dessous, il ne se présentera pas, dit-il. Mélenchon fait appel à l’onction populaire et contourne les appareils. Pour un contempteur de la 5ème république, c’est assez cocasse, car c’est plutôt gaullien.

Et selon vous, il a une chance Mélenchon ?

C’est un orateur érudit, éloquent, malin. Il est tout à fait capable d’adoucir son image, écornée par sa virulence au cours de la perquisition chez lui et abimée par l’accusation de complicité avec les islamos-gauchistes. Jean-Luc Mélenchon n’a pas fini de nous surprendre.

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