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L'édito politique de Thierry Guerrier - "Ce qui se passe à l'Assemblée est une parodie du débat démocratique"

Ce qui se passe à l’Assemblée nationale depuis une semaine n’est qu’une parodie de débat démocratique. Les députés se noient dans des discussions byzantines qui ne serviront à rien, entre amendements des uns et manque de clarification des autres.

L'édito politique de Thierry Guerrier, chaque lundi à 7h20 en direct sur sudradio.fr.

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Dans mon édito politique ce matin, je reviens sur l’enlisement du débat sur la réforme des retraites à l’Assemblée nationale…

On aurait pu espérer, en effet, qu’après le blocage du pays et une crise sociale sans précédent, qu’après avoir raté dans un premier temps la pédagogie de son projet de réforme, le président de la République et le gouvernement allaient profiter de la deuxième phase du débat, pour tenter de clarifier les choses…

L’arrivée la semaine dernière au Parlement du projet de loi instituant en France une retraite universelle à points, aurait pu être l’occasion d’expliquer clairement les bases de la réforme. Et surtout l’occasion de répondre aux critiques en montrant que les arguments des syndicats étaient infondés…

Or, malheureusement, il n’en est rien. Ce qui se passe à l’Assemblée nationale depuis une semaine n’est qu’une parodie de débat démocratique. Les députés se noient dans des discussions byzantines qui ne serviront à rien…

 

C’est notamment le fait du nombre considérable d’amendements déposés - plus de 22 000 - en quoi le gouvernement en est-il responsable ? 

C’est vrai, ce chiffre faramineux d’amendements déposés, surtout par « la France insoumise » (près de 20 000 amendements à elle seule) est une forme d’obstruction, qui n’est pas du fait direct du gouvernement.

C’est vrai, sauf tout de même que si l’hostilité farouche qui s’est exprimée depuis le début du conflit avait été un tant soit peu entendue (l’inquiétude sur le maintien du niveau du futur point par exemple ou encore l’attachement des professions libérales comme les avocats à leurs régimes équilibrés et excédentaires), si ces inquiétudes avaient été prises en compte plus tôt, alors, les Insoumis - pour ne citer qu’eux - n’auraient pas beau jeu, aujourd’hui, à vider de son sens le débat parlementaire en le noyant sous les amendements…

Le comble, c’est que cet enlisement sert les intérêts du gouvernement car, alors qu’ils devaient en finir vendredi soir, les députés de la commission spéciale chargée d’étudier le projet n’ont discuté que 18 des 65 articles que comporte le projet de loi. Et comme ils n’auront sans doute pas le temps d’aller au bout des articles, et bien ce sera le projet de loi original, sans aucun amendement adopté, qui sera discuté (et sans doute voté) en séance plénière dans l’hémicycle.

Retour à la case départ, le débat parlementaire aura donc été vide de sens.

 

Mais vous ne croyez pas que chacun a sa part de responsabilité, dans cette situation ?

Trois facteurs expliquent, oui, cette situation : 

- D’abord, le peu d’expérience politique des députés En Marche qui n’ont pas su accompagner la réforme et exiger plus de rigueur de la part du gouvernement…

- Évidemment, il y a aussi l’opposition farouche et sans concession de la France insoumise qui ne veut entendre parler de rien d’autre que d’un retrait de la réforme… (ce n’est pas très constructif !)

- Mais il y a aussi le flou entretenu volontairement par le gouvernement qui n’a fait qu’envenimer les choses. Par exemple, certains députés En Marche reconnaissent qu’ils n’ont toujours pas compris comment serait calculé le fameux « point » de la nouvelle retraite…

Tout ça n’est pas très glorieux…

Même si « sa » réforme est adoptée, Emmanuel Macron aura du mal à s’en glorifier, ne serait-ce qu’à cause de cet effacement sans précédent du Parlement…

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