"Quand il eut passé le pont, les fantômes vinrent à sa rencontre", dit un intertitre du célèbre film Nosferatu le vampire. Quand Emmanuel Macron eut gravit la dernière marche, des fantômes vinrent aussi à sa rencontre. Ceux du Louvre, bien sûr, milliers d’acteurs célèbres ou anonymes de l’histoire de France, des milliers d’artistes qui pendent ou dorment dans les réserves du Louvre. Le spectre de François Mitterrand avait aussi répondu à l’appel, dont Macron venait de citer, lors de sa déambulation sur l’air de l’Hymne à la joie, la remontée de la rue Soufflot vers le Panthéon le 21 mai 1981.
La pyramide dans son dos, la grande arche au loin, Macron se plaçait dans l’axe historique de Paris, initié par Catherine de Médicis, confirmé par Louis XIV et prolongé jusqu’à la Défense par François Mitterrand. Le quinquennat débutait sous le signe de la perspective géographique et de la rétrospective historique.
Un souvenir de Valéry Giscard d'Estaing flottait également dimanche soir. En 1974, c’est à quelques dizaines de mètres qu’il avait attendu la nouvelle de son élection. Même Chirac a montré le bout de son suaire lorsqu’Emmanuel Macron reprit à peu près sa formule du 21 avril 2002 : "Cette confiance m’oblige."
Ne manquaient à l’appel, comme par hasard, que Nicolas Sarkozy et François Hollande, les deux présidents les moins jupitériens de la Ve République.
Et puis ce fut l’heure de retourner sur les plateaux télévisés. Éric Woerth paraissant avoir mille ans, Christian Jacob le double. La galanterie nous impose de garder le silence pour Valérie Pécresse et Rachida Dati. Après l’arrivée des fantômes, nous assistions au retour des morts-vivants. Il fut question de 3e tour aux législatives, de cohabitation, d’opposition plus ou moins constructive.
Le pharaon qui avait traversé les siècles redeviendrait très vite, trop vite, un jeune président de la République. On avait envie de lui crier : "Cours camarade ! La vieille politique est derrière toi !"
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