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Le regard libre d'Élisabeth Lévy - Que penser du 49-3 à l'heure du débat démocratique ?

Entre propos condescendants de la majorité, une opposition qui ne parvient pas à rassembler une seule et même motion de censure et le cadre institutionnel de la Vème République, ce 49-3 utilisé par Édouard Philippe a un retentissement particulier. Et appelle à préparer une riposte politique par de vraies propositions concrètes.

Le regard libre d'Elisabeth Lévy

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Comme prévu, le gouvernement a utilisé l’article 49-3 de la constitution pour faire passer sa réforme des retraites.

Édouard Philippe l’a annoncé samedi à l’Assemblée, après un Conseil des ministres spécial coronavirus. D’où l’accusation, assez méritée, de fourberie. 

Pour rappel, bien que les Français soient incollables, le 49.3 permet au gouvernement d’engager sa responsabilité sur un texte. Sauf vote d’une motion de censure, le texte sera adopté. Une sorte de chantage : soit tu me vires, soit tu te tais. Issue connue d’avance. 

Il est normal que cela déplaise à l’opposition. 

Qui a crié au coup de force anti-démocratique. Du RN aux Insoumis et même les Républicains. Marine Le Pen a parlé d’une manœuvre indigne. Mélenchon a sorti les mots du dimanche mardi. Entre motions de censure rejetées et loi adoptée en première lecture, je n’ai pourtant pas l’impression que le monde civilisé soit en émoi. Beaucoup de théâtre. 

Les Français semblent pourtant ne pas apprécier la méthode

Une bonne partie des Français sont furieux contre tout ce qui vient de Macron. Il est vrai que les macronistes ne sont pas caractérisés par le respect de leurs adversaires. Natacha Polony rappelle la déclaration du co-rapporteur de la loi, le député MoDem Nicolas Turquois, le 25 février« Certains ont dit “la République, c’est moi”, eh bien, la République, c’est nous, et vous, vous n’êtes rien. » Pour elle, la conjonction de ce mépris et de la politique du pire des bateleurs de l’opposition fait que l’Assemblée nationale manque à sa vocation : représenter le peuple face à tous ceux qui veulent le priver de sa voix. 

Elle a raison, non ? 

C’est très beau, mais c’est un peu faux. On peut le déplorer mais depuis belle lurette, le débat démocratique se passe très peu à l’Assemblée et beaucoup dans les médias et sur les réseaux sociaux. Il serait abusif de dire que, sur les retraites, nous en avons été privés. Les institutions de la Vème prônent le scrutin majoritaire. L’exécutif dispose d’une majorité confortable et pas de frondeurs. Il peut faire voter son texte, même si, à l’évidence, celui-ci ne satisfait pas grand-monde au-delà de son électorat de premier tour. 

La possibilité de mener des politiques anti-majoritaires contribue à affaiblir la légitimité du pouvoir. La démocratie n’ayant pas été suspendue, ce qu’un Parlement fait, un autre peut le défaire. Au lieu de hurler à la dictature, les opposants devraient s’employer à constituer une alternative crédible. Quant à ceux qui aiment les discussions sans fin et que le recours au 49.3 a frustrés, qu’ils ne s’inquiètent pas. Les retraites, on n’a pas fini d’en manger.

 

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