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Le regard libre d'Élisabeth Lévy - Le Grand débat n'était qu'un début, continuons le vrai débat

Il y a tout juste un an, le 21 janvier dernier, le président de la République lançait le Grand débat en réponse au mouvement des gilets jaunes. Mais Emmanuel Macron n'a même pas feint d'écouter les Français selon Élisabeth Lévy. Alors où sont passées les propositions du peuple ? À la trappe ?

Le regard libre d'Élisabeth Lévy

Retrouvez le regard libre d'Élisabeth Lévy chaque matin à 8h15 sur sudradio.fr

Vous voulez parler du Grand débat national.

Il y a un an, le 21 janvier 2019, le site du Grand débat national entrait en activité. Quelques jours plus tôt, Macron avait lancé l’opération réconciliation en nous adressant une belle lettre. Les Français voulaient qu’on les écoute, il allait les écouter. Et transformer leurs colères en solutions. C’était beau comme du Séguéla. 

Quelques esprits chagrins parlaient de bla-bla. Redoutaient un florilège de réclamations particulières. Mais beaucoup saluaient cette audace démocratique. Après tout, le président de la République jurait que les idées des Français allaient permettre « de bâtir un nouveau contrat pour la Nation, de structurer l’action du Gouvernement et du Parlement ». On allait inventer le gouvernement par le peuple. 

Ça a plutôt été un succès ?

Deux millions de Français ont participé au processus : des contributions sur le site aux 16.000 cahiers de doléances ouverts dans les mairies ou encore en allant à l’une des 10 000 réunions. Garant de l’intégrité du débat, Pascal Perrineau estime sur France Culture qu’il a permis de refroidir la colère sociale. Il se félicite que les « participants d’une grande diversité sociologique et politique, aient accepté de parler ensemble et montré pas mal d’imagination... » 

Mais à l’exception de ces réunions, ce n'était pas vraiment un débat. 

Tout de même, beaucoup de gens se sont exprimés ?

Certes, et so what ? Il y a un an, le Monde écrivait que « Macron ne pourra pas biaiser, ruser ou finasser avec le débat qu’il engage. » Il a fait pire. Il n’en a rien fait du tout . Pascal Perrineau parle poliment d’une « sous-exploitation très forte des ministères, administrations et collectivités ». Traduction : les propositions des Français ont été enterrées. Au sens propre pour les cahiers de doléances. 600.000 pages numérisées par la Bibliothèque Nationale et envoyées aux 101 archives départementales. Elles ne seront pas en accès libre contrairement à ce qu'on nous laissait croire.

Je ne crois pas particulièrement aux vertus de la démocratie participative. Mais inviter les citoyens à parler et ne même pas faire semblant de s’intéresser à ce qu’ils racontent, ce n’est pas de la maladresse mais de la muflerie. 

Donc, ce grand débat n’aura servi à rien ?

Mais si. Il a permis au Président de s’offrir une tournée triomphale, une campagne électorale sans contradicteurs: onze déplacements, cinq réceptions à l’Elysée (rappelez-vous les intellectuels séquestrés jusqu’à 2 heures du matin). Ses interlocuteurs disposaient de quelques minutes, il a parlé des heures durant (battant le record d’Hugo Chavez avec 8h10 de TV ironise un politiste sur France Culture). Bref, au lieu d’écouter les Français, c’est les Français qui ont dû l’écouter. 

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