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Le démocratie participative n'est pas à l'œuvre, le peuple n'a jamais été autant tenu à l'écart

Henri Guaino se penche aujourd'hui sur le concept de démocratie participative, qui n'est plus à l'œuvre aujourd'hui, selon lui.

On parle beaucoup de la démocratie participative mais le peuple n'a jamais été autant tenu à l'écart. Ce n'est pas propre à la France mais cela se ressent particulièrement dans notre pays parce que la France a une tradition un peu plébiscitaire et surtout référendaire, depuis le début de la Ve République. 

Ce n'est pas que la démocratie participative ne marche pas, c'est juste que dans le fond, personne ne veut l'avis du peuple. Ainsi, les ordonnances écartent le Parlement et il y a beaucoup d'autres réformes en cours qui mélangent à la fois des dispositions d'ordre constitutionnel, législatif, réglementaire. Je pense à la réforme de la justice, je pense au service militaire, à la réforme des institutions. Tout le grand domaine des traités, en particulier les traités européens qui, à chaque fois qu'ils remettent en cause la souveraineté nationale,doivent conduire à une réforme de la constitution. Pour cette réforme, on a pris jusqu'à présent l'habitude - sauf pour Maastricht et la constitution européenne soumis au référendum - de les soumettre à la procédure dite du congrès, c'est-à-dire que ce sont les deux chambres parlementaires réunies qui ratifient au 3/5 le texte. On a d'ailleurs vu que cela posait un problème démocratique, cela a laissé un profond malaise avec l'histoire du Traité de Lisbonne.

On a également le problème avec certains traités de libre échange, le CETA par exemple. Tout ça devrait faire l'objet de vrais grands débats publics qui ne peuvent avoir lieu qu'à travers le référendum. Alors ce dernier n'est pas à la mode, on a bien compris que beaucoup d'hommes politiques souhaitaient même l'écarter à tout prix, pour rester dans l'entre-soi des corps intermédiaires. L'argument le plus avancé est que "c'est trop compliqué pour le peuple". Ce n'est pas plus compliqué que de choisir ses dirigeants. On dit aussi que les gens ne répondent pas à la question posée. Mais dans les élections démocratiques ? Personne ne répond jamais à la même question. Chacun vote en réponse aux questions qu'il se pose, c'est le principe même de l'élection. C'est vrai pour n'importe quelle élection : lors de la présidentielle, vous votez pour ou contre quelqu'un, pour l'une de ses idées. Vous votez pour des raisons qui sont les vôtres, parce que vous ne l'aimez pas ou parce qu'il n'est pas de votre région etc... en tout cas, chacun a ses raisons. Et dans le référendum, c'est pareil ! On pose une question, chacun la reformule à sa façon. Si vous objectez cet argument au référendum, vous pouvez l'objecter à toutes les élections démocratiques et à ce moment-là, il faut se résoudre à expliquer que l'élection n'a pas de sens.

Chacun a ses raisons, il faut simplement accepter ce risque parce que c'est à travers ce risque que les grandes réformes, qui bouleversent la société, doivent être faites avec l'assentiment du peuple. C'est ce qui leur donne une légitimité. Les grands sujets de société, les grands sujets institutionnels doivent être tranchés par le peuple.

>> L'intégralité de la chronique est disponible en podcast

 

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