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Le couple franco-allemand, point de départ obligé de chaque nouvelle présidence

À peine la passation de pouvoir terminée, Emmanuel Macron s'envolera pour Berlin afin de rencontrer la Chancelière Angela Merkel.

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Contrairement à la France, c'est le 9 mai que les Russes célèbrent la victoire contre les nazis. Il y avait hier une fête à l’ambassade russe de Paris. La foule des pique-assiettes habituelle, d’anciens russes blancs, des soviétiques qui le sont restés, des hommes des services qui s’épient, des hommes d’affaires qui s’affairent, mais peu d’hommes politiques français.

Les Russes sentent le soufre et ils sont incorrigibles. L’ambassade avait aligné toute une série d’affiches de propagande datant de la guerre. Des posters qui ridiculisent Hitler, se moquent des nazis, mais pas seulement. Les Allemands sont décrits comme des cochons, avec un groin. Des teutons grotesques, obèses, obscènes. Pas de très bon goût et le contraire du politiquement correct.

Les Russes font ce qu’ils veulent. Ils ne sont pas très bien élevés, mais ils ont le droit, ils l’ont payé au prix fort, 20 millions de morts, pas les Français.

À l'inverse, depuis 70 ans, Paris et Berlin montrent l’exemple de la vertu et de la délicatesse, l’amitié franco-allemande. Elle repose sur quelques tabous, notamment d’oublier trois guerres. Dimanche, Macron ira à Berlin, tout juste intronisé, sans avoir passé une seule nuit à l’Elysée. Ce premier voyage officiel outre-Rhin est devenu une sorte de rituel depuis 10 ans.

Tout ça pour dire qu’il existe un couple franco-allemand au milieu de la famille européenne. Ça ne viendrait à l’esprit d’aucun autre dirigeant européen d'entreprendre un tel déplacement le jour de son intronisation. C’est le 4e président français que Merkel accueille à la Chancellerie. Elle a connu Chirac, Sarkozy, elle a supporté Hollande qui a tenu à revenir la semaine dernière pour son dernier voyage officiel. Elle est un peu blasée parce que ce sont toujours des mariages blancs.

Ça fait 12 ans que l’Allemagne avance et que la France recule sur les sacrifices qu’elle demande, notamment la réforme du code du travail. En 12 ans, le rapport de forces a changé et ce n’est plus un couple d’égal à égal.

Depuis dimanche, Angela Merkel répète qu’elle est très heureuse de l’élection d'Emmanuel Macron. Elle y voit un soutien clair en faveur de l’Europe. D’autres ont surtout vu monter en France un vote anti-libéral et une forte allergie aux méthodes de la Commission européenne.

Une étude montrait hier qu’il y a outre-Rhin plus d’un million d’emplois vacants. Ils veulent donc continuer à importer de la main d’œuvre. Ça leur paraît beaucoup plus urgent que les questions qui nous agitent ici, sur l’immigration, la sécurité, la menace terroriste…

Ça va être un vrai défi pour Macron de faire comprendre la colère des Français. Et il a une autre priorité : continuer sa marche en avant vers plus de fédéralisme dans la zone euro avec un budget, un Parlement et un ministre de l'Économie et des Finances.

Il n’y a pas qu’à l’ambassade de Russie qu’on entendra parler des boches et l’Hymne à la joie, composée par un Allemand en Allemagne, ne suffira pas à couvrir le concert de protestations que les sceptiques vont pousser devant ces nouveaux transferts de souveraineté.

Écoutez l'édito de Vincent Hervouët dans le Grand Matin Sud Radio

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