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La sortie de Gérard Collomb sur le 80km/h plus révélatrice qu’elle n’y paraît

Deux interventions de Gérard Collomb pour dire son scepticisme à l'égard des 80km/h : en langage médiatique, cela s'appelle un couac.

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Il y a la dimension politicienne et la dimension politique. Bien sûr, les commentateurs retiennent essentiellement la fausse note dans le concert gouvernemental. Un ministre d’État qui se permet de contredire ouvertement le Premier ministre, c'est pain béni ! Et l'on voit la machine à conjectures qui s'emballe. Serait-ce une stratégie ? Un message caché de l’Élysée ? Une chose est sûre, les 80 km/h, c'est une mesure voulue par Édouard Philippe et les conseillers de l’Élysée, en sous-main, se font un plaisir de le rappeler. Parce qu'Emmanuel Macron sait depuis le début que ça ne peut lui apporter que des ennuis. Et les dernières enquêtes mettent cette mesure en tête de celles qui énervent le plus grand nombre de Français.

Gérard Collomb fragilise donc une mesure dont Édouard Philippe a fait son identité politique, une part de son existence en tant que Premier ministre. On doute que ça désole profondément Emmanuel Macron. En revanche, il peut être intéressant d’avoir quelques ministres qui installent l’idée que cette mesure n’est pas unanimement soutenue. Histoire de dire que le gouvernement n’est pas totalement coupé des zones rurales et des élus locaux. Parce que derrière la dimension politicienne, il y a la dimension politique, en l’occurrence la façon dont l’État organise la vie sociale grâce à l’instrument législatif, la façon dont il s’assure de l’égalité entre les territoires, dont il garantit la mobilité de chacun. Et cette mesure des 80 km/h envoie un message très clair aux habitants des zones rurales, les premiers concernés par l’abaissement de la vitesse autorisée : nous savons mieux que vous ce qui est bon pour vous.

Le Premier ministre met en avant les vies sauvées. C’est toute la différence entre deux politiques comme Édouard Philippe et Gérard Collomb. Le premier adopte cette posture très contemporaine qui consiste à estimer que les experts savent où est le bien et doivent réussir à l’imposer juridiquement. Le second, politique à l’ancienne, se souvient que la démocratie repose sur l’idée que ce sont les citoyens eux-mêmes qui décident ce qui est bon pour eux et qui arbitrent entre les risques et les bienfaits d’une situation. Le premier est convaincu de sa modernité, le second a compris que la vraie modernité est d’entendre la demande de démocratie qui monte de partout.

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