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La réforme des droits de succession recalée par Macron

On a assisté lundi à un drôle de mic-mac sur la question des droits de succession. Le patron de La République en Marche a déclaré qu'il fallait les réformer. Avant d'être démenti par le chef de l'État lui-même.

C’est le genre même de couacs auxquels on assistait régulièrement au début du quinquennat de François Hollande et qu’Emmanuel Macron avait réussi à éviter jusqu’à présent. Mais ce couac-là risque de laisser des traces.

Dimanche, Christophe Castaner, le patron de la République en Marche, qui est aussi ministre, explique que le pays ne pourra pas faire l’économie d’une réforme des droits de succession. Une réforme "sans tabou" affirme-t-il, laissant envisager une hausse de la fiscalité pour la plupart des héritiers. Avant d’être démenti vertement dès lundi matin par le chef de l’État lui-même.

Selon nos informations Emmanuel Macron aurait déclaré : "On a assez embêté les retraités. Maintenant on les laisse tranquilles."

C’est pourtant une réforme qui est dans l’air depuis plusieurs mois. Tout simplement parce que Jean Pisani-Ferry, qui a rédigé le programme économique d’Emmanuel Macron, était jusqu’en janvier 2017 le responsable de France-Stratégies, un think tank d’État. Et cet établissement avait publié fin 2016 un document expliquant qu’il fallait relever fortement les droits de succession, quitte même à revenir sur les avantages de l’assurance-vie.

Alors qu’au même moment, Emmanuel Macron, en pleine campagne présidentielle, avait fustigé une société d’héritiers et prôné une société d’entrepreneurs. Voilà pourquoi l’annonce de Christophe Castaner, faite dimanche, n’a surpris personne.

Mais entre-temps Emmanuel Macron a changé d’état d’esprit

À force de se frotter aux réalités et de faire incendier par tous les retraités de France et de Navarre qui ont subi la hausse de la CSG et qui viennent d’apprendre que leurs pensions seront quasiment gelées pendant deux ans, le chef de l’État a compris qu’il ne fallait pas tirer sur la corde des retraités. Car ce sont eux qui prennent soin, bien souvent, de préparer un petit pécule, qu’ils souhaitent laisser à leurs enfants ou petits-enfants. Déjà au printemps lorsqu’il a été question de réformer les pensions de réversion, Emmanuel Macron avait préféré faire marche arrière. Et là il a été très rapide pour désamorcer cette nouvelle polémique.

On peut tirer trois leçons de ce couac.

Primo, manifestement, dans la macronie, et malgré les séminaires gouvernementaux, plus personne ne sait dans quel sens vont les réformes. C’est le reproche que François Bayrou adresse au Président de la République depuis dix jours. Et il n’a pas tort.

Secundo, il y a un lobby assez fort qui tente de faire bouger les règles de succession. Notamment en favorisant les donations du vivant des intéressés. Cela avait déjà été le cas sous le mandat de Sarkozy. Et un jour ou l’autre, cela arrivera.

Tertio, il y a vraiment un problème de communication dans cette rentrée élyséenne. C’est terrible. Car plus rien n’est audible. Plus rien n’est compréhensible.

Et in fine que reste-t-il ? L’impression qu’il n’y a plus de pilote dans l’avion. Ce qui explique les sondages calamiteux.

 

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