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La majorité se noie

Les gilets jaunes, suite et non pas fin. Alors que le soutien des français au mouvement semble se renforcer selon notre sondage IFOP Fiducial Sud Radio Cnews Paris Match, et que les gilets jaunes s’apprêtent à nouveau à manifester samedi à Paris, la majorité présidentielle en perd son latin. 

On voit d’abord toute la limite de cette majorité inexpérimentée. Souvent issue de l’entreprise, qui a très peu de relais dans les territoires. Pas de maire, peu de conseillers départementaux, une majorité hors sol qui affronte la première crise grave du quinquennat... Jusqu’à présent , les mouvements sociaux comme sur les ordonnances travail ou la SNCF ne recueillaient pas le soutien de l’opinion et il était facile pour un député lambda de faire corps avec les citoyens de sa circonscription. 

Cette fois, l’opinion publique est massivement derrière les gilets jaunes et c’est une autre paire de manches sur le terrain. Car certains sont menacés comme cette députée de l’Aude , qui a vu débarquer des gilets jaunes sur son exploitation. Et c’est le deuxième sujet qui mine de cette majorité : l’angoisse psychologique physique. Le patron du groupe a l’Assemblée Nationale, Gilles le gendre a alerté le ministère de l’intérieur. Il y a une angoisse, très forte car quand vous venez de cette fameuse société civile, de l’entreprise ,ou du monde feutré de la haute fonction publique, la tournée des barrages n’est pas un exercice habituel.

Et puis il y a le sentiment d’être largué en pleine mer en quelque sorte, sur un canot de sauvetage au milieu d’une mer démontée. Ils étaient à peine une quarantaine hier en réunion de groupe, là où la logique voudrait qu’ils fassent corps autour d’un leader. Personne pour donner des éléments de langages autres que ceux débités à longueur de jour sur le mode : puisqu’on vous dit que le pouvoir d’achat a augmenté. Puisqu’on vous dit que c’est pour la transition écologique. Tout est monocorde, monocolore. Sans aucun impact possible. Il n’y a pas de grandes gueules, de porte flingues, qui faisait la joie de l’ancien monde. Ces Devedjan , ces Bartolone, ces Hortefeux, avant qu’ils n’accèdent au rang de ministres, qui avaient le charme suranné des Tontons Flingueurs et défouraillaient lorsque la citadelle était assiégée. La il n’y a personne ou presque. 

Enfin si, il y a les ministres. Justement, parlons en des ministres. Beaucoup de députés pestent contre les déclarations à l’emporte pièces de Christophe Castaner ou Gérald Darmanin : sédition et de peste brune. Ces mots ont eu un effet ravageur dans les rangs des députés en Marche qui sont comptables de ce type de parole publique qui jettent de l’huile sur le feu. Et l’horizon s’assombrit avec ce mot qui est désormais dans le débat public : dissolution. Le mot a été lancé en premier par Franck L’ouvrier l’ancien patron de la com de Nicolas Sarkozy. Dissoudre pour reprendre la main pour redonner un second souffle à ce quinquennat déjà moribond. 

Quel intérêt aurait Emmanuel Macron a le faire? A l’évidence aujourd’hui, aucun car on voit pas une majorité en Marche, relégitimisée par les urnes. Mais enfin ce mot est désormais lâché dans le débat public . Et dans le climat actuel, à la fois de fronde et de cohésion populaire autour de cette fronde, il peut faire des ravages.

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