Connaissez-vous Jacline Mouraud ? Et bien cette Bretonne a enregistré une vidéo de quatre minutes où elle interpelle le chef de l’État sur la folle hausse du prix des carburants, l’envolée des taxes sur le gazole.
Avant de terminer son coup de gueule en déclarant : "Quand est-ce que va se terminer la traque aux conducteurs que vous avez mise en place depuis que vous êtes là ? On atteint des sommets (...) On en a plein les bottes" et d’interroger publiquement Emmanuel Macron en demandant : "Qu'est-ce que vous faites du pognon ? A part changer la vaisselle de l'Elysée ou vous faire construire des piscines."
Des vidéos comme ça on en voit tous les jours sur Facebook. Sauf que celle-là a été vue plus de cinq millions de fois en l’espace de quelques jours.
C’est un vrai phénomène. Un phénomène d’autant plus intéressant que cette dame ne parle au nom d’aucun parti politique. Elle ne se revendique de personne. Sauf des Français de tous bords qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts entre la hausse des carburants, la facture du fioul pour le chauffage et tous les petits-à coté qui emmerdent tout le monde comme disait Georges Pompidou, avec les radars ou le contrôle technique.
Et le gouvernement est très embarrassé. Édouard Philippe a été interrogé ce week-end sur cette grogne spontanée, à la manière des bonnets rouges il y a cinq ans.
Il est resté droit dans ses bottes en déclarant qu’il ne reviendrait pas sur les hausses de taxes. Avant d’ajouter : "J'entends parfaitement la grogne, mais il n'y a pas de solution magique au dérèglement climatique." Comme si les Français qui ne peuvent pas boucler leurs fins de mois peuvent comprendre cet argument. Alors que dans le même temps, le kérosène des avions, qui polluent plus, est détaxé. C’est dire s’il n’a rien compris à la grogne immense des Français.
Et bien la suite c’est dans une dizaine de jours, puisque le Rassemblement National, le mouvement Debout La France et les amis de Jean-Luc Mélenchon, ont appelé à une grande manifestation nationale le 17 novembre. Une manifestation qui s’organise déjà avec près de 300 blocages répertoriés et un signe de ralliement qui consiste à poser le gilet jaune sur le tableau de bord.
L’indifférence du chef de l’État à ce mouvement et à la détresse de millions de Français est pathétique. Elle explique la déconnexion entre les élites et le peuple, et la chute de popularité d’Emmanuel Macron.