C'est presque deux siècles de pouvoir en France que Jean-Marie Rouart a traité dans son dernier livre Les aventuriers du pouvoir. De Morny à Macron (éditions Robert Laffont). Des essais biographiques abordés en tant écrivain plus qu'en tant historien, joints à des "portraits acides" d'hommes politiques contemporains, rencontrés par l'auteur.
Des portraits sans omettre les côtés négatifs
Des portraits qui sont parfois piquants. "Je pense que si je les traite parfois mal, c'est parce que je suis Français", s'amuse à justifier Jean-Marie Rouart. "Ils n'ont pas seulement été des constructeurs, on les voit comme des grands réformateurs mais il y a un tas de réformes inutiles, des destructions", rectifie l'auteur. Si l'on est souvent tenté de dire qu'il n'y a plus de grands hommes dans le monde contemporain, Jean-Marie Rouart rappelle qu'avec Charles de Gaulle, "on sentait qu'on avait un très grand homme". Un général qu'il a rencontré, "mais ce n'est pas pour ça que je lui pardonne sa position sur les harkis, que j'ai trouvé monstrueuse", rappelle-t-il.
C'est exactement l'esprit du livre. "Je ne veux pas faire de portrait sans voir les côtés négatifs des personnages", indique Jean-Marie Rouart. Il a régulièrement déjeuné avec François Mittérand. "Nous avons eu énormément de conversations ensemble", relate-t-il. "Il avait un côté très doux en apparence, mais était capable de donner des coups de griffe", rapporte l'auteur qui rappelle que le premier président socialiste était souvent comparé à un chat. Mais de son côté, il a "beaucoup plus apprécié les idées de Giscard", même si l'écrivain souligne que Giscard "est un polytechnicien qui a une idée très personnelle de l'humain".
"Nicolas Sarkozy a manqué de cynisme"
Jean-Marie Rouart profite de sa posture d'écrivain qui "peut se permettre ce que les commentateurs politiques ne peuvent pas faire". "Un écrivain a une vision", avance l'auteur. Concernant Nicolas Sarkozy, Jean-Marie Rouart estime "qu'il a voulu trop faire en engageant un nombre de chantiers invraisemblable, notamment sur la nationalité". "Son choix d'ouverture était formidable, mais il a eu une forme de naïveté, un manque de cynisme", juge-t-il. "On lui fait un procès assez injuste, il a réussi à avancer sur les retraites, dès 2010", rappelle-t-il.
Pour caractériser les mandats de Jacques Chirac et de François Hollande, Jean-Marie Rouart parle de "l'impuissance au pouvoir". "J'ai vu comment Jacques Chirac a changé d'avis 36 fois", se souvent-il. Pourtant, c'est "un tueur", de Chabban jusqu'à sa tentative sur Sarkozy. "En dehors de sa politique extérieure où il a été remarquable, pour la France, il n'a pas fait grand chose", juge l'écrivain. Sur François Hollande, il aime dire "qu'il a occupé plus de place qu'il ne laissera de vide".
Jean-Marie Rouart voit en Emmanuel Macron "un syndic de faillite". "Il n'a pas une responsabilité totale sur ce qui arrive aujourd'hui", corrige-t-il. "Je crois que c'est un homme qui a une très grande intelligence, une bonne volonté mais qui a manqué d'expérience", juge-t-il. D'après l'écrivain, le Président de la République "n'a pas compris la France, la complexité française". "S'il échoue, il risque d'amener Marine Le Pen au pouvoir", estime Jean-Marie Rouart. Parmi l'une des grandes erreurs de son quinquennat, "le grand débat", estime l'auteur. "Il avait une position au-dessus de la mêlée et subitement, il revient à la démocratie directe", juge-t-il.
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