La France enracinée semble être une histoire ancienne, les enracinés des hommes et des femmes dépassés, ringards... Et pourtant, Gabrielle Cluzel y croit encore. "Je crois que comme un arbre qui a été scié à la base peut avoir des résurgences, il me semble qu'il reste des gisements de cette France", espère-t-elle. "Cette France des enracinés, on l'a démonétisée, critiquée, on a dit que ses valeurs étaient bourgeoises, la rigueur et le mérite ont été conspués, considérés comme ringard, un carcan...", déplore-t-elle.
"La France blanquette de veau"
Pour illustrer cette utilisation "abusive" du terme de "bourgeoise" pour dénigrer la France enracinée, Gabrielle Cluzel reprend les propos d'Emmanuel Macron, alors en pleine polémique sur l'ouverture des commerces le dimanche. "Il se moquait des familles bourgeoises qui partageaient la banquette de veau le dimanche", rapporte la rédactrice en chef de Boulevard Voltaire. Loin de récuser cette formule, la jeune journaliste préfère l'utiliser à son escient comme il existe "la gauche caviar". "Cette France de la blanquette de veau c'est cette France d'enracinée", revendique-t-elle.
Si le terme de "bourgeoise" est utilisé, c'est que cette France "est héritière d'un patrimoine, non pas gardé dans un coffre-fort ou placé en bourse, mais culturel et civilisationnel", explique Gabrielle Cluzel. Un héritage qui englobe un "savoir-vivre légué des valeurs chrétiennes", ajoute-t-elle. "Cette France là, il ne faut pas l'oublier. Quand on dit qu'il n'y a plus de respect, de rigueur, peut-être faut-il se demander si on ne l'a pas conspuée jusqu'à chercher à l'éradiquer", fait remarquer la journaliste.
"Se réapproprier nos mœurs"
Une héritage culturel et civilisationnel qui "est urgent de retrouver parce que c'est celui qui nous fédère", estime Garielle Cluzel. "On a dit que le mariage, le savoir-vivre était une valeur bourgeoise, c'est faux !", s'exclame-t-elle. "C'était un continuum dans la société qui dans la ville allait du paysan au gros, de l'électricien au médecin et que nous sommes en train de perdre", rectifie la rédactrice en chef. Une France enracinée que l'on "retrouve de temps en temps dans la cour des Invalides quand il y a des cercueils sous les drapeaux bleu-blanc-rouge, on se demande comment ces jeunes ont pu aller à une mort potentielle pour un bien commun qu'ils ont jugé supérieur à leur propre personne", note-t-elle. Et "même à l'école, on n'arrive plus à transmettre cela", déplore la journaliste.
Et parmi les premières notions attaquées, c'est la famille. "Le pays c'est la famille des familles, chaque famille est porteuse d'un peu de l'âme française", note pourtant Gabrielle Cluzel. "Si on laisse la famille se déliter, c'est tout le pays qui se délite", prévient-elle. La famille, la journaliste la définit non sans provocation : "C'est le premier carcan, le premier enracinement, c'est un lieu d'autorité, de hiérarchie, de transmission, de rituels familiaux, d'exclusion. La famille est aujourd'hui conspuée". Mais pour la journaliste, "si on considère qu'un pays est respectable sur un cercueil, on doit le faire respecter partout". Un message pour tous ceux étant pudiques à montrer les drapeaux français. "Si nous n'aimons pas notre drapeau, ce sont d'autres drapeaux qui viendront le remplacer, la nature a horreur du vide", prévient-elle.
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