single.php

On frôle la cote d’alerte

Plus que dix jours avant le fatidique premier tour des élections présidentielles. Et s'il n’y avait que deux places pour quatre candidats ?

Thumbnail

Tout comme les trois mousquetaires étaient quatre, les prétendants sérieux à la présidence de la république en mai prochain sont donc désormais quatre eux aussi, avec l’apparition, pour ne pas dire l’intrusion, d’un outsider, tant l’ascension de Jean-Luc Mélenchon dans les intentions de vote furent rapides dans les dernières semaines. Alors reste à déterminer ce qui revient au mérite du candidat de la France Insoumise et ce qui s’explique par les circonstances de cette campagne décidément à nulle autre pareille. Au chapitre des mérites reconnaissons au camarade Méluche, une incontestable supériorité dans l’art oratoire. Qui dira encore que les débats télévisuels ne changent en rien le cours d’une campagne présidentielle ? Son envolée dans les sondages coïncida exactement avec les soirée du 20 mars et du 4 avril. Il n’est que de quelques minutes à l’avoir vu haranguer les foules, pour comprendre que nous tenons avec Jean-Luc Mélenchon l’un des derniers héritiers de la tradition des tribuns français. On peut également noter qu’un travail important a été accompli sur la forme et sur le fond. Sur la forme, une attitude plus apaisée que par le passé, même si la foudre tombe encore de temps à autre sur un journaliste, sur le fond une place mieux définie entre europhile et europhobe. Une touche écologiste bien intégrée dans un programme clairement de gauche, et enfin, sur le fond comme sur la forme, une évidente inspiration venue des États-Unis où la campagne de Bernie Sanders n’est visiblement tombée ni dans l’oreille d’un sourd ni dans l’œil d’un borgne.

Alors les circonstances tiennent d’abord à la décomposition accélérée du PS, écartelé entre deux mouvements centrifuges, l’un vers la droite avec Macron, l’autre vers la gauche avec Mélenchon. Les héritiers de François Mitterrand ont oublié la leçon du vieux maître, on ne sort de l’ambiguïté qu’à son propre détriment. La clarification idéologique entre les deux lignes qui cohabitaient tant bien que mal au sein du parti leur a été fatale. À quoi s’ajoutent la déloyauté de certains dignitaires, Manuel Valls en tête, et une campagne catastrophique de Benoit Hamon. Les circonstances tiennent aussi à l’accumulation des affaires sur la tête de Fillon, sans quoi le champion des Républicains serait encore aujourd’hui en tête des intentions de vote. Jean-Luc Mélenchon doit autant à ses forces qu’aux faiblesses de ses adversaires, cela peut être sa limite. « Jusqu’ici tout va bien », comme disait un homme qui tombait au lieu de monter, mais l’on rappellera que lors de la précédente présidentiel, Mélenchon était aussi monté très haut avant de descendre aux alentours de 11 %. Le plus grand danger pour lui est sans doute ailleurs. Il peut lui arriver, la même mésaventure qu’à François Fillon, à savoir que désormais en position de favori, les électeurs commencent à regarder de plus près son programme. À savoir que la part d’utopie et d’irréalisme frôle la côte d’alerte. Réponse le 23 avril.

L'info en continu
23H
20H
19H
18H
17H
16H
14H
12H
11H
09H
Revenir
au direct

À Suivre
/