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François De Rugy : "Le référendum montre que la CCC est l'affaire de tous les Français"

François De Rugy était l’invité du “petit déjeuner politique” de Patrick Roger le 30 juin 2020 sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 7h40.

François De Rugy interviewé par Patrick Roger sur Sud Radio le 30 juin 2020 à 7h40.

La centrale nucléaire de Fessenheim, en Alsace, a été mise à l’arrêt définitivement le 29 juin 2020 dans la soirée. Pour François de Rugy, député LREM de Loire-Atlantique et ancien ministre de l'Écologie, c’était surtout un engagement : "tout d’abord, engagement pris, engagement tenu". Il rappelle que la fermeture de Fessenheim avait été annoncée par François Hollande en 2012 durant la campagne présidentielle. "Il a été élu président, il a eu différents ministres de l’écologie entre 2012 et 2017 qui ont annoncé presque toutes les semaines, tous les mois" cette fermeture, mais elle n’aura pas été fermée durant son quinquennat.

Emmanuel Macron, durant sa campagne présidentielle en 2017 a dit : "je ne reviendrai pas sur ce choix, c’est l’une des plus vieilles centrales de France et nous engagerons sa fermeture". "Nous l’avons fait", souligne le député. C’est d’ailleurs lui qui est "allé sur place" alors qu’il était ministre de l’Écologie, pour dire que la centrale allait fermer.

 

"La France n’abandonne pas le nucléaire"

Pour certains, cette décision n’est pas la bonne, surtout lorsqu’on sait que le nucléaire n’émet pas de gaz à effet de serre et que la France veut baisser ses émissions. "D’abord, c’est l’une des plus vieilles centrales de France", rappelle François de Rugy qui souligne que "lorsqu’elles avaient été construites, ces centrales nucléaires avaient été construites pour 40 ans" : continuer à la faire fonctionner aurait donc nécessité des investissements.

"Je vous rappelle par ailleurs qu’il y avait la centrale de Flamanville, nouvelle génération, qui devait ouvrir." De fait, l’idée était que "l’une remplacerait l’autre", ce qui n’a pas pu être le cas à cause des retards pris sur le chantier de Flamanville. "Les garanties de sécurité ne sont pas encore données par EDF."

"La France n’abandonne pas le nucléaire, qui est en effet un atout dans la lutte contre le réchauffement climatique", précise l’ancien ministre de l’Écologie, car les centrales nucléaires n’émettent pas de gaz à effet de serre. "Nous avons par ailleurs enclenché la fermeture de quatre centrales à charbon", ajoute-t-il. "Très peu de pays font cela, et pourtant c’est la priorité : fermer les centrales à charbon, on peut produire l’électricité autrement." "La France se dirige donc vers une part de nucléaire, encore importante, et les énergies renouvelables."

"Le nucléaire a toujours sa place"

La fermeture de Fessenheim est perçue comme un symbole de l’idéologie écologiste : "c’était un symbole par le passé, y compris en Allemagne", convient l’ancien ministre. Or, en Allemagne, de nombreuses centrales à charbon ont été rouvertes par manque de puissance de production. Le député tient à préciser que le gouvernement allemand a changé de direction : "l’Allemagne s’engage enfin dans la sortie des centrales à charbon".

"L’Allemagne a fait un autre choix avant qui en effet a conduit à ce qu’il y ait davantage d’émissions de CO2 pour la production d’électricité qu’en France." François de Rugy profite de l’occasion pour préciser que "la France est un des meilleurs pays d’Europe pour les émissions de gaz à effet de serre dans la production d’électricité", souligne François de Rugy. "On ne le dit pas assez." "Parmi les succès français, il y a une production d’électricité qui a beaucoup moins d’émissions de gaz à effet de serre."

"Le nucléaire a toujours sa place" dans la production d’électricité. "On vise 50/50, un équilibre entre le nucléaire et les énergies renouvelables." Mais, "dans les deux cas, des énergies sans émissions de gaz à effet de serre" ce qui n’est pas forcément le cas des autres pays du monde.

"Depuis quatre mois, nous voyons ce que le numérique nous a apporté dans notre vie quotidienne"

Le deuxième tour des municipales en France, tenu le 28 juin 2020, a montré une "vague verte" avec de nombreuses villes conquises par des listes EELV. La question se pose maintenant sur le déploiement de la 5G, le prochain réseau mobile, auquel certains écologistes sont opposés. L’ancien ministre de l’Écologie, lui, met en garde : "il faut vraiment faire attention à ce que l’écologie ne soit pas un prétexte pour des formes de régression ou en tout cas de refus du progrès technologique".

"Qu’il y ait des enquêtes, sur les effets sur la santé", comme il y en a eu pour les téléphones mobiles, par exemple, "c’est tout à fait normal", juge l’ancien ministre. "Ça rassurera, d’ailleurs, les Français." Mais il n’est pas question de renoncer au numérique : "depuis quatre mois, nous voyons ce que le numérique nous a apporté dans notre vie quotidienne".

"Il ne faut pas se priver du progrès technologique"

Alors que beaucoup de personnalités écologistes sont contre le déploiement de la 5G, qui devrait commencer en France au quatrième trimestre 2020 après avoir été retardé à cause de la pandémie, François de Rugy reste convaincu de son utilité. "Je peux vous dire qu’à Nantes, ça a été un sujet de la campagne électorale", souligne-t-il rappelant que la maire de Nantes a proposé un "moratoire sur le déploiement de la 5G". Une idée à laquelle il n’est pas favorable.

"Je crois qu’il faut y aller prudemment", estime François de Rugy, "mais il ne faut pas se priver du progrès technologique". "Je crois beaucoup à l’utilité du numérique pour l’écologie."

La Convention Citoyenne sur le Climat "n’a pas vocation à décider"

Emmanuel Macron a reçu les propositions de la Convention Citoyenne sur le Climat (CCC) et la question du référendum sur certaines décisions reste d’actualité. François de Rugy y est totalement favorable : "j’avais parlé des référendums", dans une précédente interview sur Sud Radio. Pour lui, la CCC est une innovation inédite et il s’agit là d’une "des possibilités de continuer à associer les citoyens".

Il ne manque pas de remarquer le fort taux d’abstention aux municipales : "le vote, simplement, ça ne séduit pas les citoyens". "C’est une catastrophe." Les nouvelles formes de participation citoyennes, comme l’est la CCC, sont donc une partie de la réponse à ce problème.

Il rappelle toutefois que la CCC n’a "pas vocation à décider" et que "nous les députés nous gardons le pouvoir législatif". Mais "associer les Français avec des référendums, sur ce sujet comme sur d’autres, je pense que ce serait une bonne chose".

Un référendum en 2021 ?

Emmanuel Macron a "souhaité qu’il y ait des décisions" prises "très rapidement" sur les propositions de la CCC. Notamment avec un Conseil de défense écologique avant le mois d’août et "un projet de loi en septembre". Le député de Loire-Atlantique rappelle également que le Président souhaite que "les citoyens continuent d’être associés au suivi de ce projet de loi".

"Si jamais il y avait besoin d‘un référendum, pour lever des blocages, par exemple, ou sur la Constitution, ce serait en 2021." Pour François de Rugy, c’est simple : organiser un référendum est "une bonne façon de montrer que c’est l’affaire des tous Français" que la Convention Citoyenne sur le Climat, et non seulement l’affaire "des experts" ou de "150 citoyens tirés au sort".

Les municipales, "c’est une première qui est ratée"

Lors des élections municipales 2020, LREM est sorti comme le parti perdant. François de Rugy ne le nie pas : s’il souligne qu’il s’agissait là d’une "première pour La République En Marche", dans le sens où il s’agissait des premières élections municipales depuis la création du mouvement, il convient que "c’est une première qui est ratée". "Il faudra en tirer des leçons", estime l’ancien ministre de l’Écologie.

"Même si ce n’est pas un vote national, on sait bien que les Français envoient toujours quand même des messages à travers les élections intermédiaires." Toutefois, pour lui, une élection nationale n’aurait pas le même résultat : "les Français font très bien la distinction entre une élection municipale et une élection présidentielle, évidemment".

"Nous sommes extrêmement mobilisés pour soutenir les priorités" d'Emmanuel Macron

La question du remaniement, dont le bruit court depuis des semaines, est désormais sur le devant de la scène. Emmanuel Macron pourrait être tenté d’inviter la gauche et les écologistes au gouvernement, même si ces derniers ont déjà fait savoir qu’ils ne participeront pas. Pour François de Rugy, ce n’est pas la question : "je ne crois pas qu’il faille raisonner tout de suite en plus de gauche…".

Il analyse d’ailleurs très durement les résultats des municipales : "autant, pour le coup, il y a une poussée des Verts à ces élections municipales, autant sur le reste c’est l’éclatement généralisé". "Ce qu’il faut c’est surtout voir ce qui est prioritaire" durant la période qui reste du quinquennat d’Emmanuel Macron. "Nous les députés de la majorité, nous sommes extrêmement mobilisés pour soutenir les priorités que le président de la République dira dans quelques jours."

"Le groupe à l’Assemblée nationale doit aussi se renouveler"

Sur son avenir politique, François de Rugy reste très vague. Il estime qu’un retour au gouvernement est "du ressort du président de la République". Mais il juge également que "le groupe à l’Assemblée nationale doit aussi se renouveler pour être plus opérationnel et plus efficace dans cette période de 18 à 20 mois". Une période qui "va être très difficile", estime l’ancien ministre.

"Les députés de la majorité font remonter depuis des mois les difficultés de terrain", souligne le député de Loire-Atlantique. "Il faut que ça trouve un débouché politique encore plus efficace dans les mois qui viennent."

"Le groupe majoritaire à l’Assemblée peut se rassembler"

Il ne se prononce pas, non plus, sur une possible élection à la présidence du groupe LREM à l’Assemblée. "Nous aurons des réflexions dans le groupe", estime-t-il alors que Gilles Le Gendre est de plus en plus contesté. "Il y a eu des difficultés ces derniers mois", confirme le député de Loire-Atlantique, ainsi que la création de trois nouveaux groupes à l’Assemblée nationale "et pour partie avec des députés de la majorité".

François de Rugy refuse le morcellement à l’Assemblée nationale qui n’est, pour lui, pas une "fatalité". "Le groupe majoritaire à l’Assemblée peut se rassembler derrière le président de la République, aux côtés du gouvernement."

Voter est un "devoir civique"

La vague verte aux municipales est également liée à la forte abstention, 60% en moyenne en France. De quoi, peut-être, poser des problèmes aux nouveaux maires. Pour François de Rugy, c’est "une vraie question". La "représentativité des équipes municipales" peut en effet être facilement remise en doute lorsque "vous ne faites même pas 50% des voix sur 30% de participation". "Les maires élus, quelle que soit leur couleur politique, devront avoir cela en tête. Comme nous, d’ailleurs, les députés élus."

Il juge que "sur l’abstention, il faudra aussi qu’on tranche", car il s’agit d’un problème grandissant en France. De façon personnelle, François de Rugy est favorable au vote obligatoire, car voter n’est pas seulement un droit, mais également "un devoir civique".

 

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