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Emmanuel Macron est-il mal à l’aise sur la laïcité ?

Le Journal du Dimanche publiait hier un article affirmant qu’Emmanuel Macron aurait finalement renoncé à s’exprimer sur la laïcité. comment interpréter ce revirement ?

Depuis quelques temps l’entourage du président expliquait à qui voulait l’entendre qu’Emmanuel Macron préparait un grand discours sur la laïcité. Un discours censé le placer au dessus des divisions et des querelles qui agitent le pays. Ils avaient même avancé une date : le 9 décembre, jour anniversaire de la loi de séparation des Églises et de l’État. Et puis est arrivée la polémique violente entre Charlie Hebdo et Edwy Plenel, et les propos plus violents encore de Manuel Valls, parlant de faire "rendre gorge" à ceux qui, dit-il, ont appelé au meurtre contre les dessinateurs de Charlie. Manuel Valls, qui, visiblement, cherche à se repositionner dans le débat public en préemptant précisément ce sujet, alors qu’une éventuelle invalidation pourrait l’obliger à un nouveau duel face à une candidate insoumise plus proche des positions de Danièle Obono que de Jean-Luc Mélenchon. Du coup, toute prise de position présidentielle risquerait d’inviter le député de l’Essonne à une réponse qui ferait descendre Jupiter de son Olympe.

Il faut dire que derrière les considérations tactiques, Emmanuel Macron n’est pas réputé très à l’aise sur le sujet. En fait, il s’est surtout construit un discours en opposition à celui de Manuel Valls, du temps où il était son ministre de l’Économie. L’un clivait, l’autre a voulu se montrer rassembleur. Et l’on peut penser que de nombreux socialistes ont délaissé l’un pour l’autre justement parce qu’Emmanuel Macron avait l’art d’enrober ses discours dans des adjectifs empreints de bienveillance. La laïcité "inclusive", c’est suffisamment flou pour ne fâcher personne. 

Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il en a une vision élastique et minimaliste. Il s’est toujours ingénié à réduire la laïcité à la coexistence entre les religions, quand elle est un principe d’organisation de la société autour d’un espace public neutre dans lequel les citoyens se rassemblent au lieu de mettre en avant leurs différences individuelles. En cela, la laïcité est une des conditions pour que des citoyens de toutes origines et de toutes religions puissent former un peuple. Mais Emmanuel Macron préfère encore éviter le sujet pour ne pas risquer de dire clairement les choses et de fixer les limites aux revendications religieuses dans l’espace public. Sauf que l’ambiguïté finit toujours par se payer.

>> L'intégralité de la chronique est disponible en podcast

 

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