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Docteur François et M. Fillon

Docteur François et M. Fillon, Éric Naulleau en appelle à un célèbre roman de Robert Louis Stevenson pour tenter de comprendre François Fillon.

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On peut se demander si le vainqueur des Républicains ne serait pas encombré d'une double personnalité. L'homme qui haranguait les foules convoquées dimanche après-midi au Trocadéro, était-il le même qui tweetait l'année dernière, je le cite, « aucune excuse à accorder à ceux qui pensent que la loi de la rue est supérieure à celle de la République, ils sont les ennemis de la liberté » ? Le candidat à la présidentielle, qui entendait par ce rassemblement dénoncer une justice politique, est-il bien le même homme qui vantait autrefois en tant que Premier ministre son indépendance, et conseillait à la classe politique de s'exprimer le moins possible à son sujet pour ce qui est de la justice. C'est peut-être plus d'un romancier que d'un éditorialiste, dont nous aurions besoin pour analyser le cas Fillon.

À défaut d'y voir clair dans la pétaudière qu'est devenue la présidentielle de 2017, tâchons au moins de parler clairement. En appelant dimanche dernier à manifester contre l'état de droit, dont il prétend être le garant en sa qualité de futur locataire de l'Élysée, François Fillon s'est de lui-même exclu du champ républicain, pour planter sa tente électoral dans un lieu mal déterminé que certains nomment, faut de mieux, populisme. Un territoire partagé avec le Front national de Marine le Pen, dont il reprend la rhétorique du complot des juges et de la presse, et contre lequel, on l'aura noté, il s'est bien gardé de porter une attaque lors de son discours au Trocadéro. Un territoire partagé aussi avec Donald Trump et ses vérités alternatives…

Non, il s'en fallait de beaucoup que 200 000 personnes aient répondu dimanche à son appel, comme le prétendit son collaborateur Bruno Retailleau, elles n'étaient que 40 000 toutes mouillées. Non, aucun journaliste n'a relayé la rumeur d'un suicide de Pénélope Fillon, comme l'a affirmé son mari dans son intervention au journal de France 2. Un territoire, enfin, partagé avec les factieux de Sens Commun, branche politique de la Manif pour tous, en charge de la logistique comme de la claque. Un mouvement dont les membres prétendent placer leurs convictions religieuses au-dessus des lois de la République en exigeant de leur champion l'abolition du Mariage pour tous voté par la représentation nationale. François Fillon accorderait aux extrémistes catholiques ce qu'il refuserait, avec raison, aux extrémistes musulmans. À défaut d'y voir clair dans la pétaudière qu'est devenue la présidentielle 2017, tâchons au moins de parler clairement. François Fillon a, par un dimanche pluvieux de mars, perdu toute légitimité pour incarner la fonction suprême.

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