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Démission de Hulot : « Il y a pour lui un sentiment de trahison »

Par La Rédaction

“Plus on se rapproche du pouvoir, plus on est amené à trahir. Qu’il s’agisse de tuer le père, de s’émanciper d’un mentor, d’éliminer un rival ou d’écarter une compagne trop encombrante, la trahison est le fil conducteur de la vie politique sous la Ve République”, écrit Jean Garrigues dans son livre La République des Traîtres, paru aux éditions Tallandier. Pour parler de son ouvrage, mais également de la démission surprise de Nicolas Hulot, le spécialiste d’histoire politique était l’invité de Sud Radio ce mardi matin.

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Ce mardi 28 août, Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, a annoncé sa démission du gouvernement dans la matinale de France Inter, affirmant n’avoir prévenu ni Emmanuel Macron ni Édouard Philippe. Comment analyser cette décision, prise hier soir selon le principal intéressé « On peut considérer que Nicolas Hulot s’est senti trahi par les promesses qui lui avaient peut être été faites par Emmanuel Macron. Depuis un an, il n’a pas pu déployer l’intégralité des projets qui étaient les siens. Il est déçu par le bilan de cette première année, ce qui est l’explication essentielle de son retrait », estime Jean Garrigues.

« Il y a pour lui un sentiment de trahison », tout comme pour le président de la République et le Premier ministre, qui n’ont pas été prévenus de cette démission, souligne-t-il. « Eux peuvent se considérer aujourd’hui comme trahis, parce qu’une démission politique ne se passe pas comme cela. »

La manière dont Nicolas Hulot a présenté sa démission est donc inédite dans le monde politique. « Une démission ça se négocie, on avertit, cela dit, le principe de Jean-Pierre Chevènement selon lequel “un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne”, il vient de le mettre en application. »

« Un ministre de l’Environnement est toujours en situation de faiblesse, parce que vous êtes confrontés à des arbitrages budgétaires de Bercy qui en général ne privilégient pas le facteur environnemental, à la pression de certains lobbies, explique le professeur d’histoire contemporaine à l’université d’Orléans. Là vous avez un gouvernement probusiness, en difficultés vis-à-vis du monde rural, il y avait là une contradiction politique. La seule manière pour Hulot de résoudre cette contradiction est d’être suffisamment puissant dans le gouvernement. (...) Nicolas Hulot était un poids lourd sur le terrain de l’opinion publique, de la représentation collective, mais sur le terrain politique, on voit bien les difficultés qu’il avait à faire avancer ses dossiers. Ce décalage-là explique aujourd’hui cette rupture. Son départ se fait dans des conditions différentes, celles de quelqu’un de la société civile. »

On peut donc estimer qu’il y a eu trahison tant du côté de Nicolas Hulot, qui s’est senti trahi par d’éventuelles promesses non tenues, que par le président de la République et son Premier ministre, qui n’ont pas été avertis de cette démission. En ce qui concerne les traîtres abordés dans le livre La République des Traîtres, qui sont-ils ? « La traîtrise est inhérente à la vie politique depuis le début des temps. Souvenons-nous de Brutus qui participe à l’assassinat de César. Aujourd’hui, sous la Ve République particulièrement, le but suprême pour la majorité de nos élites politiques étant d’accéder à la présidence de la République, tous les coups sont permis. »

Concrètement, qu’est-ce que la traîtrise chez les politiques d’aujourd’hui ? Est-ce de passer d’un camp à un autre ? « Lorsque Emmanuel Macron et Manuel Valls entrent dans la compétition pour la présidentielle, cela affaiblit de facto celui qui avait été le mentor de Macron, qui était François Hollande. Mais François Hollande lui-même a totalement saboté la campagne de Ségolène Royal, de son ex-compagne, cela peut donc être une trahison quasi familiale », estime Jean Garrigues.

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