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Communiquer sur le pouvoir d'achat des Français, l'erreur de tous les gouvernements

Annoncer une hausse du pouvoir d'achat, c'est prendre le risque de voir les situations individuelles se heurter à la construction statistique du "Français moyen".

 

Évidemment, on reparle du pouvoir d'achat, puisqu’on arrive au début du mois et tous les Français découvrent la dernière ligne de leur feuille de paie ou de leur relevé de pension de retraite.

C’est une erreur de tous les gouvernements, de toutes les majorités, que de communiquer sur le pouvoir d’achat. Tout le monde promet une hausse du pouvoir d’achat et, au bout de quelque temps, finit par triompher en disant qu’il a augmenté.

Le problème, c’est que le Français n’y croient pas et pour cause. On voit bien dans la situation actuelle, mais c’était à peu près la même chose à la fin de la crise de 2008 quand Nicolas Sarkozy disait ‘Le pouvoir d’achat a augmenté, c’est l’INSEE qui le dit’. Mais l’INSEE travaille sur des moyennes et le pouvoir d’achat, c’est quelque chose de personnel.

Il n’y a qu’à écouter les témoignages qui fleurissent ces derniers jours. Il y a ceux qui ont gagné 4 euros, ceux qui ont perdu 10 euros… Communiquer sur le pouvoir d’achat est toujours dangereux. C’est une erreur profonde des gouvernements et je pense que le gouvernement actuel va se retrouver dans une situation semblable, où beaucoup de gens penseront qu’il a menti, parce qu’il s’est trop occupé des moyennes et pas assez des individus.

L’inventeur de la statistique, un Belge du 19e siècle, disait d’ailleurs que ‘l’Homme moyen n’existe pas’. C’est une illusion.

On passe toujours son temps à essayer d’augmenter le pouvoir d’achat des uns et des autres par des transferts fiscaux, mais ils provoquent une multitude de transferts à l’intérieur de la société et, en fait, ne résolvent rien.

La question du pouvoir d’achat se pose de deux façons. La première, c’est la croissance qui entraîne toute l’économie, tous les revenus ou presque, comme dans les 30 glorieuses, où tout le monde sent la situation s’améliorer.

C’est ça qu’il faut retrouver. Quand le rapport de forces sur le marché du travail est favorable aux travailleurs, ils gagnent plus. Quand il est défavorable comme aujourd’hui, il y a une pression qui s’exerce sur les salaires.

La question est de retrouver une dynamique économique, pas juste de faire de petits transferts fiscaux. La question est de savoir si ces réformes fiscales vont faire bouger les comportements, inciter les gens à investir, à travailler davantage et si, en fin de compte, on va sortir de cette logique déflationniste qui tire tout vers le bas, les salaires, les revenus du travail, les retraites et les prix, dans un cercle vicieux qui ne s’arrête jamais.

Cette question n’est, hélas, jamais abordée sérieusement parce qu’elle met en cause trop de choses, la construction de l’Europe, la politique monétaire, toutes ces choses qui sont fondamentales pour comprendre l’évolution du pouvoir d’achat de la plupart des Français.

Écoutez la chronique d'Henri Guaino dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard

 

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