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Arthaud : "Le gouvernement aura ce retour de bâton qu'il craint tant, il le mérite"

Par Benjamin Jeanjean

Porte-parole de Lutte Ouvrière, Nathalie Arthaud était l’invitée politique de Sud Radio ce lundi. L’ancien double candidate à la présidentielle a notamment critiqué la politique injuste selon elle d’Emmanuel Macron.

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2,5 milliards d’euros. C’est le montant que devrait rapporter cette journée de solidarité du lundi de Pentecôte, instaurée depuis près de quinze ans maintenant. Mais alors qu’Emmanuel Macron et Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, avancent l’idée d’une seconde journée de solidarité dans le calendrier, Nathalie Arthaud, porte-parole de Lutte Ouvrière et invitée du Grand Matin Sud Radio ce lundi, est clairement contre une telle mesure. "Ça me fait franchement sourire. Ce gouvernement s’est établi en expliquant qu’il allait inventer et faire de nouvelles choses. Finalement, il va puiser dans les vieilles idées qui s’appliquent depuis des décennies : toujours faire payer les mêmes. Prenez la politique qui consiste à dire que pour lutter contre le chômage, il faut forcément faire des cadeaux aux plus riches, au grand capital. Cette politique ne permet évidemment pas de lutter contre le chômage, mais remplit bien les coffres-forts d’une minorité ! C’est donc l’éternel recommencement : toujours les mêmes au pouvoir, qui gouvernent toujours au profit de la même classe sociale", déclare-t-elle.

"En 2017, le CAC 40 a engrangé 93 milliards de profits !"

Selon elle, le gouvernement actuel ne fait qu’aider des gens qui n’en ont pas besoin. "C’est le même mépris, et on est bien servis avec Macron et son gouvernement, car il enchaîne les petites phrases ! "Il n’y a pas d’argent magique". Mais pour les plus riches qui ont vu leur ISF supprimé, l’argent est bien magique ! En réalité, toutes ces richesses sont évidemment produites par l’ensemble du monde du travail. (…) En 2017, le CAC 40 a engrangé 93 milliards de profits ! Les grandes fortunes ont littéralement explosé, les rémunérations des patrons également, et on veut aller chercher l’argent encore une fois dans la poche des travailleurs ? Je trouve ça scandaleux ! Il faut arrêter tous ces reculs : où est-ce qu’on va ?", s’exclame-t-elle.

Et alors que Bercy réfléchirait à couper encore plus dans certaines aides sociales (APA, APL, etc.), l’ancienne double candidate à la présidentielle (en 2012 et 2017) a du mal à cacher sa colère. "C’est du cynisme pur et simple ! Bernard Arnaud a vu sa fortune augmenter de 38 000 euros par minute en 2017 ! C’est un autre monde ! Et ces gens ont toujours besoin d’être aidés et de piocher dans les caisses de l’État ? Ensuite, cet argent reversé toujours aux mêmes manque évidemment dans les hôpitaux, dans les Ehpad, à l’école, dans les tribunaux… Ça craque de partout ! Les étudiants n’auraient pas besoin d’aide au logement ? Mais dans quel monde ils vivent, ces gens-là ? Ils vont avoir tôt ou tard un retour de bâton, cette réaction collective qu’ils craignent tant, parce qu’ils le méritent", prévient-elle.

"C’est le grand capital qui commande la politique"

Si Nathalie Arthaud appelle à manifester ce mardi, "une journée importante pour tous les salariés de la fonction publique", elle sera également de la partie le 26 mai prochain, lors du rendez-vous organisé entre autres par la France Insoumise. Mais lance d’ores et déjà un avertissement. "La manifestation du 26 a un caractère particulier car elle est organisée par des partis politiques de gauche et des associations liées à la CGT. Nous appelons nous aussi à manifester et nous allons œuvrer pour que cette journée soit réussie, mais nous ne signons pas l’appel commun car nous voulons aussi dénoncer l’opération politique qu’il y a derrière. Cette opération qui consiste à dénoncer Macron pour dire qu’il faut le remplacer avec le retour de la gauche au pouvoir, que les travailleurs doivent être patients, attendre les prochaines élections et mettre le bon bulletin dans l’urne... Tout ça, ce sont des illusions ! La gauche au pouvoir, les travailleurs l’ont vue et ils en ont soupé. Sous Mitterrand c’était l’union de la gauche, sous Jospin la gauche plurielle, sous Hollande il fallait se ranger derrière le plus fort...", rappelle-t-elle avant de s’attarder sur Jean-Luc Mélenchon, étiqueté premier opposant à Emmanuel Macron.

"Sur le théâtre politique, oui c’est peut-être le premier opposant à Macron. Mais je veux dire aux travailleurs et aux chômeurs que ce n’est pas sur ce terrain-là que leur sort peut se jouer. Le véritable pouvoir n’est pas dans les ministres qui s’agitent ou même dans les présidents de la République. Interrogeons-nous sur la raison qui fait que tous ces gouvernements qui se succèdent mènent la même politique. Y compris quelqu’un comme Tsipras en Grèce qui avait des projets pour les plus pauvres ! En réalité, tous ces dirigeants sont pieds et poings liés avec les maîtres de l’économie, avec le grand capital qui commande la politique", souligne-t-elle.

"Quand les rentes pétrolières disparaissent, le Venezuela retombe dans le sous-développement"

Enfin, Nathalie Arthaud a eu un mot pour le Venezuela, où le président Maduro a été réélu ce week-end dans une élection contestée par l’opposition et dans un contexte toujours aussi tendu. "Ce pays est complètement dépendant de ses rentes pétrolières. Quand elles sont bonnes, ils peuvent éventuellement envisager de redistribuer aux fractions les plus pauvres. C’était le projet de Chavez et de Maduro. Je salue cette volonté, mais en réalité ils sont impuissants quand les robinets se ferment. Quand les rentes disparaissent, on retombe dans le sous-développement. Il y a donc une impasse économique, comme dans tous les pays sous-développés dépendants d’une seule production et du marché mondial. J’ai donc une solidarité vis-à-vis de ce projet, mais tant qu’on ne change pas réellement ce monde, on ne peut pas offrir de perspectives aux plus pauvres", regrette-t-elle.

Réécoutez en podcast toute l’interview de Nathalie Arthaud dans le Grand Matin Sud Radio

 

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