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Après avoir passé la nuit chez lui, N. Sarkozy entame son 2e jour de garde à vue

Par Jérémy Jeantet (avec AFP)

L'ancien président de la République, qui est auditionné par les enquêteurs depuis mardi matin sur les soupçons de financement libyen de sa campagne de 2007, a regagné le pôle anti-corruption de Nanterre après avoir passé la nuit chez lui.

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Longtemps cette nuit, l'image est resté une énigme. Peu après minuit, la voiture de Nicolas Sarkozy a quitté le parking de l'Office anti-corruption de Nanterre, sans que l'on sache réellement si l'ancien président de la République était dedans. Ce n'est que ce matin que la confirmation est tombée. La garde à vue de Nicolas Sarkozy n'est pas terminé pour autant puisque l'ancien chef de l'État a regagné le palais de justice de Nanterre ce mercredi matin, peu avant 8h.

Depuis mardi matin, Nicolas Sarkozy est entendu par les enquêteurs sur des soupçons de financement libyens de sa campagne présidentielle victorieuse de 2007, notamment après les informations révélées par Mediapart pendant la campagne présidentielle de 2012, qui ont participé à l'ouverture d'une information judiciaire l'année suivante.

À l'issue de cette garde à vue, susceptible de durer jusqu'à jeudi matin, il peut être remis en liberté, présenté à un juge en vue d'une éventuelle mise en examen ou convoqué ultérieurement.

Également entendu, mais sous le statut de "suspect libre", Brice Hortefeux, un proche de l'ex-président qui occupa plusieurs postes ministériels -dont celui de l'Intérieur- pendant le quinquennat Sarkozy (2007-2012), a de son côté quitté les locaux de l'office anticorruption mardi soir, assurant sur Twitter avoir apporté des précisions pour "permettre de clore une succession d'erreurs et de mensonges".

Cette nouvelle étape marque un "retour aux affaires" de Nicolas Sarkozy, 63 ans, mais à la rubrique judiciaire, titre Libération mercredi. Le Parisien parle du "cadeau posthume de Kadhafi".

Elle marque aussi un coup d'accélérateur dans ce dossier tentaculaire instruit par des magistrats du pôle financier depuis près de cinq ans.

Depuis la publication, en mai 2012, par le site Mediapart d'un document libyen -attribué à l'ex-chef des renseignements Moussa Koussa- accréditant un financement d'environ 50 millions d'euros, les investigations des juges ont considérablement avancé.

Plusieurs protagonistes du dossier, dont d'ex-responsables libyens, ont accrédité la thèse de versements illicites. Le sulfureux homme d'affaires Ziad Takieddine a lui-même assuré avoir remis entre fin 2006 et début 2007 trois valises contenant 5 millions d'euros en provenance du régime de Kadhafi à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, et à son directeur de cabinet Claude Guéant.

D'autres dignitaires libyens ont démenti tout financement et l'ancien chef de l'État a toujours rejeté ces accusations.

Les magistrats ont-ils rassemblé de nouveaux éléments pouvant le mettre en cause directement ?

Pendant sa garde à vue, il est susceptible d'être interrogé sur les différents délits visés par l'enquête. Ouverte notamment pour "détournements de fonds publics" et "corruption active et passive", cette dernière a été élargie en janvier à des soupçons de "financement illégal de campagne électorale". 

Circulation d'espèces

Cet élargissement fait suite à un rapport de l'office anticorruption, daté de septembre, qui pointe une circulation importante d'espèces dans l'entourage de Nicolas Sarkozy durant la campagne 2007. "Tout le monde venait chercher son enveloppe", a ainsi relaté une ex-salariée, d'après ce rapport dont l'AFP a eu connaissance, doutant qu'une distribution aussi massive ait pu se faire sans que Nicolas Sarkozy ait été au courant.

Interrogés par les enquêteurs, Éric Woerth, trésorier de la campagne et l'un de ses adjoints, Vincent Talvas, ont assuré que l'argent provenait de dons anonymes, une justification contestée par d'autres protagonistes de la campagne.

Les investigations ont aussi mis en lumière plusieurs opérations suspectes, notamment un virement de 500 000 euros perçu par Claude Guéant en mars 2008, en provenance d'une société d'un avocat malaisien. L'ex-secrétaire général de l'Élysée a toujours affirmé qu'il s'agissait du fruit de la vente de deux tableaux, sans convaincre les juges qui l'ont mis en examen notamment pour "blanchiment de fraude fiscale en bande organisée".

Les juges s'interrogent également sur la vente suspecte en 2009 d'une villa située à Mougins (Alpes-Maritimes) à un fonds libyen géré par Bachir Saleh, ancien argentier de Kadhafi. Ils soupçonnent l'homme d'affaires Alexandre Djouhri d'avoir été le véritable propriétaire du bien et de l'avoir cédé pour 10 millions d'euros, soit plus du double du prix du marché, une transaction qui aurait pu être effectuée pour dissimuler d'éventuels versements occultes.

L'enquête a connu un rebondissement important en janvier avec l'arrestation à Londres d'Alexandre Djouhri, qui devrait être fixé sur son éventuelle extradition en juillet.

Quant à Bachir Saleh, il a été blessé par balles fin février en Afrique du Sud où il vivait en exil.

Dans les rangs politiques, à droite le placement en garde à vue de l'ancien président a scandalisé, le patron des Républicains Laurent Wauquiez jugeant la mesure "humiliant(e) et inutile". L'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a regretté "tout ce spectacle".

"Malgré des conditions difficiles, la justice avance. Ma pensée va aux millions de citoyens qui ont le droit de savoir si le match était à armes égales", a pour sa part dit sur Twitter, Ségolène Royal, l'ex-candidate perdante face à Nicolas Sarkozy en 2007.

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