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Agnès Pannier-Runacher : "Un plan social réussi est un plan social sans départs contraints"

Agnès Pannier-Runacher était l’invitée du “petit déjeuner politique” de Patrick Roger le 3 juillet 2020 sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 7h40.

Agnès Pannier-Runacher interviewée par Patrick Roger sur Sud Radio le 3 juillet 2020 à 7h40.

Vendredi 3 juillet 2020 se tient le dernier Conseil des ministres avant le remaniement. Sur sa place de secrétaire d’État, Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances, déclare n’avoir reçu aucun signe, "et c’est bien normal". "La feuille de match est définie au tout dernier moment, il faut que le coach se donne le maximum de libertés."

 

"On doit réparer le pays, on est face à des défis considérables"

La question qui intéresse de plus en plus les Français est désormais le maintien, ou non, d’Édouard Philippe en tant que Premier ministre, notamment du fait de sa cote de popularité très élevée. Agnès Pannier-Runacher juge que "ce n’est pas ma réponse qui intéresse les Français, c’est la réponse du président de la République".

"Nous, ce qu’on cherche à faire c’est préparer ce virage de la dernière partie du quinquennat", explique la secrétaire d’État. Une dernière partie qui s’annonce compliquée avec la crise économique qui se profile : "on doit réparer le pays, on est face à des défis considérables".

"Certaines réformes ont pu être vécues comme étant faites contre les Français"

Emmanuel Macron a déclaré à ce sujet, dans un entretien publié vendredi 3 juillet 2020, qu’il faut "dessiner un nouveau chemin". La secrétaire d’État est tout à fait d’accord avec lui : "on a fait beaucoup de réformes, certaines réformes ont été faites vite". Surtout, "certaines réformes ont pu être vécues comme étant faites contre les Français". "Aujourd’hui, il faut qu’on se pose", déclare-t-elle, pour répondre aux enjeux principaux que sont "la santé", "la dépendance" ou encore "les jeunes". "Il faut qu’on mène ces combats jusqu’au bout."

Elle n’oublie pas pour autant la situation économique de la France et du monde : "il faut travailler à la relance économique de notre pays, c’est absolument indispensable si on ne veut pas avoir une crise sociale majeure".

"Je demande au patron d’Airbus de prendre ses responsabilités"

La crise, de l’aveu même du président de la République, va entraîner des plans sociaux, les premiers commençant à être actés. C’est le cas de l’avionneur Airbus qui a annoncé la suppression de 5.000 emplois, dont 3.500 à Toulouse, malgré les aides de l’État reçues par l’entreprise. "Ce que je demande au patron d’Airbus, c’est de prendre ses responsabilités, parce que l’État a pris les siennes", déclare la secrétaire d’État.

Le plan d’aides de l’État pour l’aéronautique, "qui n’a pas d’égal", n’est certes pas "juste pour Airbus", mais "pour l’ensemble de la filière" ; mais il "doit permettre de maintenir chez Airbus des compétences technologiques" et "doit permettre aux ingénieurs d’Airbus de continuer de travailler sur des programmes".

En outre, précise Agnès Pannier-Runacher, "nous avons mis en place un système de chômage partiel de longue durée qui doit permettre de préserver les compétences". Une nécessité, car, comme elle l’explique, il faut "10 ans" pour former un salarié d’Airbus. Or, "vous mettez un jour à licencier".

"Le chômage partiel fonctionne"

Le patron d’Airbus, Guillaume Faury, a estimé que le chômage partiel devrait aller plus loin. Pour Agnès Pannier-Runacher, cette demande ne s’adresse pas à la France, mais "en direction de l’Allemagne qui n’a pas de dispositif de chômage partiel aussi protecteur que le nôtre". "J’en déduis que le chômage partiel et le dispositif que nous avons mis en place, qui est effectivement inédit, sans égal, fonctionnent bien."

Le plan social d’Airbus "doit être amélioré par le dialogue social"

Sur le plan social d’Airbus, elle juge qu’il "doit être amélioré par le dialogue social", afin de ne "viser aucun départ contraint".

Elle souligne toutefois que l’ensemble du secteur aéronautique "a perdu 40% de commandes" et qu'il "fonctionne totalement au ralenti". Une donnée à mettre en rapport avec l’annonce d’Airbus qui prévoit "une diminution de ses salariés de 10%".

"L’enjeu, c’est de regarder la vérité telle qu’elle est", à savoir qu’Airbus n’est pas la seule entreprise en crise et que ce plan social n’est pas une décision arbitraire, mais bien une décision liée à la crise sanitaire du Covid-19. "Notre enjeu est de faire en sorte que l’aéronautique redémarre dans deux ans, dans les meilleures conditions possibles, et sans perdre notre position de leader."

Cette position de leader est menacée par la Chine ou encore les États-Unis : "la compétition est aujourd’hui infernale" avec des investissements massifs de tous les côtés.

"Un plan social réussi est effectivement un plan social où il n’y a pas de départs contraints"

Autre entreprise à avoir annoncé un plan massif de suppression de postes : Air France. Pas moins de 7.500 emplois seront supprimés alors que l’État a débloqué 7 milliards d’euros d’aides pour la compagnie aérienne. "La contrepartie de ces aides est un dialogue social responsable et exemplaire", déclare Agnès Pannier-Runacher, mais également "la transition écologique et énergétique". "Air France a une trajectoire de réduction des émissions de carbone", explique la secrétaire d’État.

"Ces aides sont justifiées parce qu’Air France est au bord du gouffre", juge la secrétaire d’État qui prend en exemple les autres compagnies aériennes dans le monde sauvées par leurs gouvernements. "L’enjeu est de sauver ces compagnies aériennes tout en ne perdant pas de vue le fait que nous devons réduire l’empreinte carbone de l’ensemble de la chaîne aéronautique." Un objectif qui justifie la suppression de certaines lignes dans l’aviation commerciale, celles qui "peuvent être couvertes de la manière la plus facile, par le train". Un autre pan de ce projet de réduction de l’empreinte carbone est le financement massif de "l’avion décarboné du futur".

Sur le plan social en lui-même, c’est simple, l’objectif est de l’améliorer : "un plan social réussi est effectivement un plan social où il n’y a pas de départs contraints".

Si les TPE ferment, cela "coûtera très cher au lien social et à la vie dans les territoires"

Un autre secteur durement touché par la crise économique est celui de l’artisanat et des petits commerces, dans la très grande majorité des cas, des TPE. "Suivant les régions entre 15 et 30% d’entre elles nous disent ‘je ne suis pas sûr de terminer l’année’", confirme Agnès Pannier-Runacher. Leur problème est avant tout celui de leur maigre trésorerie et des charges fixes comme les loyers et les charges sociales. "Nous devons les accompagner."

"Nous avons décidé, pour les TPE de moins d’un million d’euros de chiffre d’affaires et de moins de dix employés, de faire des exonérations de charges sociales du mois de mars, avril, mai." Une décision qui sera étendue à juin pour les TPE "qui ont été encore plus longtemps fermées" ce qui a été le cas pour les entreprises du tourisme ou encore l’hôtellerie-restauration. Pour les TPE, le gouvernement maintient également le "fonds de solidarité".

"Ces entreprises n’ont pas de chiffre d’affaires et ont des charges en face : il faut qu’elles traversent cette crise. Les voir déposer le bilan nous coûtera plus cher, in fine, et coûtera très cher au lien social et à la vie dans les territoires."

Réouverture des discothèques : il y a une "crainte d’avoir des regroupements de personnes"

Il reste la question de l’accompagnement au long cours, car la crise sanitaire n’est pas terminée et qu’aucune garantie de reprise d’activité ne peut être donnée. "Celles qui me préoccupent le plus ce sont celles qui ne peuvent toujours pas travailler." C’est le cas des entreprises du secteur de l’événementiel ou du monde de la nuit. Les discothèques sont "un vrai secteur d’activité", souligne la secrétaire d’État, avec un chiffre d’affaires supérieur à 1 milliard d’euros et plus de 100.000 emplois.

"Ce qu’ils nous demandent c’est effectivement de pouvoir rouvrir : donc on doit pouvoir les accompagner." Pour autant, à ce jour, "il n’y a pas de feu vert" pour leur réouverture : "aujourd’hui, elles ne peuvent pas rouvrir avant le 1er septembre ; or, c’est l’été qui est le plus haut de la saison".

Pour la secrétaire d’État, le maintien de la fermeture des discothèques est justifié par les "raisons sanitaires" et la "crainte d’avoir des regroupements de personnes". Elle estime toutefois qu’il "faut vraiment se saisir de ce dossier" et qu’il faut "définir les conditions d’une réouverture". Une des pistes qui pourraient être retenues, confie Agnès Pannier-Runacher, est celle d’une "réouverture sous forme de bar". "Tout est retenu pour faire des bars lounge."

Une solution qui pourrait être acceptée par les propriétaires des discothèques qui veulent surtout rouvrir, même "en mode dégradé".

Déploiement de la 5G : on ne peut pas dire "à 100% que c’est inoffensif sur la santé"

La vague verte des municipales a permis aux candidats écologistes de remporter de nombreuses mairies de France, dont certaines grandes villes. Mais nombre de ces élus sont opposés à la 5G et à l’installation d’antennes pour des raisons de santé publique. Agnès Pannier-Runacher confie que "vous n’avez pas une technologie, un médicament, l’air que vous respirez dont vous pouvez dire à 100% que c’est inoffensif sur la santé".

Toutefois, la secrétaire d’État se veut rassurante : "dans la feuille de route du déploiement de la 5G, la santé a été prise en compte dès le début", notamment avec la saisie de l’Ances et l’ANFR. "Je rappelle que personne n’interroge le déploiement de la 4G" alors que celle-ci émet en continu. Ce n’est pas le cas de la 5G, explique Agnès Pannier-Runacher : "la 5G n’émet pas en permanence", mais uniquement quand elle est activée.

 

 

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