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Pourquoi Obama a-t-il donné une conférence à l'invitation du groupe Napoléon ?

Henri Guaino revient aujourd'hui sur la conférence donnée par Barack Obama le 2 décembre à Radio France à l'invitation du groupe Napoléon.

Mais qu'a pu dire Barack Obama de si intéressant ? Et surtout, pourquoi était-il là ? Ce qu'il s'est passé ce week-end à Paris est une manifestation de cet entre-soi des cercles dirigeants, qui ont toujours existé mais qui autrefois cultivaient la discrétion. Aujourd'hui, ils se montrent au grand jour, ils communiquent. Les temps ont changé, ils veulent peser ouvertement dans le débat intellectuel, idéologique et politique. Davos a remplacé la trilatérale. Ce qu'il se passe sur la scène est aussi important, voire plus important, que ce qu'il se passe en coulisses.

Globalisation, mondialisation, financiarisation, tout le système actuel est d'abord une idéologie ou plutôt est légitimé par idéologie. Ce que Madame Thatcher avait résumé par le slogan suivant : "There is no alternative !". Alain Minc, qui a le sens inné de la formule, a parlé du cercle de la raison : on en est ou on en est pas ! C'est discriminant, surtout quand le cercle de la raison semble menacé par ce qui ne peut être qu'une déraison. L'idéologie, comme toujours, se prétendant elle-même justifiée par la science : "ne discutez pas, c'est scientifique !". Oui, mais c'est aussi politique. Pas de globalisation sans le mondialisme, le libéralisme et la dépolitisation du monde. Et tout cela a du plomb dans l'aile ! D'abord pour le meilleur, car on est allé trop loin dans la mise à l'écart des peuples et dans la marchandisation du monde. Mais aussi pour le pire, car le balancier va toujours trop loin et que le populisme, l'obscurantisme et la xénophobie ne feront pas un monde meilleur.

Un ancien président des États-Unis a beaucoup à nous apprendre sur l'exercice du pouvoir, sur ce qu'il en a appris lui-même, sur les leçons qu'il en tire pour l'avenir de son pays et du monde. Mais les Napoléons - puisque les membres de ce réseau se désignent ainsi, excusez du peu - n'ont pas invité Barack Obama pour qu'il leur apprenne quelque chose. Ce dernier, qui n'est ni un Lincoln, ni un Roosevelt, ni même un Nixon, a été invité comme une icône séduisante et talentueuse du politiquement correct ou du politiquement raisonnable. Il faut dire qu'avoir pour prédécesseur Bush et comme successeur Trump conférerait à n'importe quel politicien talentueux une aura particulière. Obama n'a rien appris aux Napoléons et à leurs invités, ni sur le monde d'aujourd'hui, ni sur celui d'hier.

S'il a été, comme on le dit, rémunéré 400 000 euros, c'était non pour son discours mais pour montrer à l'opinion le visage raisonnable et rassurant de l'anti-Trump. Il faut dire que le cercle de la raison ne s'attendait pas à ce que le détricotage du multilatéralisme et celui du libre échange puisse venir des États-Unis. La grande peur des bien-pensants, dont Trump n'est que l'une des causes, a besoin d'exorcistes plus que de visionnaires. Obama invité à disserter sur la peur n'était pas là pour en parler mais pour l'exorciser par sa présence charismatique et pour montrer aussi à quel point les Napoléons sont des gens comme il faut. Ce dernier but, au moins, est atteint pour... 400 000 €.

>> L'intégralité de la chronique est disponible en podcast

 

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