Le président catalan Carles Puigdemont a déclaré qu'il appliquerait le mandat du peuple et que la Catalogne a gagné le droit de déclarer l'indépendance, c'est très subtil. Il ne déclare pas l'indépendance tout de suite, mais il ne ferme surtout pas la porte à la négociation. Il est d'ailleurs tout à fait notable qu'il ait éprouvé le besoin de parler à l'ensemble des Espagnols, dans leur langue, pour dire "nous ne sommes ni des délinquants, ni des fous, ni des putschistes" et pour ouvrir un temps de dialogue.
Il a d'ailleurs très longuement rappelé comment la Catalogne en est arrivée là, en particulier une chose : en 2006, le parlement espagnol, à majorité socialiste à l'époque, a adopté un nouveau statut pour la Catalogne qui reconnaissait cette dernière comme "nation". Seulement, à son retour au pouvoir, la droite a fait annuler ce statut, pourtant accepté par tout le monde, en faisant appel à la Cour constitutionnelle composée de juges notoirement acquis au parti populaire. Rappelons aussi au passage que Mariano Rajoy faisait partie du gouvernement espagnol qui a menti en 2004, accusant les Basques d'être responsables de l'attentat d'Atocha commis par les islamistes. Avec ce discours, il voulait simplement essayer de gagner les élections. Il est important de noter également que l'intéressé gouverne aujourd'hui parce qu'une coalition n'a pas pu se former entre les Socialistes et Podemos. Les Socialistes ayant fini par laisser le pouvoir à la droite en s'abstenant à plusieurs reprises, après des semaines de confusion. Il faut se souvenir de tout ça.
La position radicale actuellement, c'est celle du gouvernement espagnol. Quelques minutes avant le discours, on annonce une médiation internationale qui expliquerait le retard de Carles Puigdemont mais aussitôt Mariano Rajoy fait un communiqué dans lequel il dit qu'une négociation avec Puigdemont n'est pas possible...
Alors, irresponsables ces Catalans ? Non, ils ne sont pas irresponsables mais il faut surtout regarder ce qui apparaît. Vu de ce côté, il nous semble hallucinant de voir le parti de Carles Puigdemont, qui est un démocrate chrétien, s'allier avec une gauche radicale qui propose de confisquer les églises. Tout ça devrait surtout nous dire que la question de l'indépendance catalane échappe à nos catégories françaises. Le principal message d'hier, c'est que les Catalans en appellent au reste du monde et en particulier l'Europe.
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