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Il faut sortir des caricatures par rapport à Vladimir Poutine et à la Russie

Vladimir Poutine, réélu président de la Russie haut-la-main, incarne une forme d'autorité qui est à la base de ses succès électoraux.

 

Ça fait donc plus de 4 mandats pour Vladimir Poutine. La Constitution russe prévoit qu’on ne peut exercer plus de 2 mandats consécutifs. Pour son troisième mandat, à l’époque, il avait laissé la place à son Premier ministre, Dimitri Medvedev, mais ça ne l’empêchait pas, malgré tout, de tirer l’essentiel des ficelles, même s’il n’était pas toujours satisfait des positions prises par son président de substitution.

Il en est donc à son deuxième mandat de sa deuxième série, on verra ce qu’il adviendra par la suite.

Il est de bon ton de beaucoup critiquer Vladimir Poutine, d’en faire un dictateur, un tyran, en tout cas quelqu’un qui n’est pas un démocrate, dans le sens où on l’entend dans les grandes démocraties occidentales.

C’est vrai, Vladimir Poutine n’est pas un grand démocrate, mais il faut bien comprendre ce qu’est la Russie. C’est un pays qui n’a jamais connu une véritable démocratie. C’est un grand pays, un grand pays violent, qui a toujours eu besoin d’une forme d’autorité très forte pour être gouverné. C’est la raison des succès de Vladimir Poutine.

Au-delà de tout ce qu’on peut dire sur l’absence de liberté d’expression, sur le fait qu’il y a des partis mais qu’ils sont faibles ou manipulés, sur d’éventuelles fraudes électorales, il n’empêche qu’il y a en Russie une forte adhésion majoritaire, même si elle ne fait pas 76 % en réalité, pour Vladimir Poutine. Après l’effondrement de l’Union soviétique, après l’atteinte portée à l’orgueil national, après l’affaiblissement sur la scène mondiale de ce qu’était la Russie, cœur d’un immense empire, qui n’avait pas commencé avec les communistes mais dès le départ de la fondation russe au tournant du IXe ou Xe siècle, c’est un pays qui a toujours été en lutte et qui a toujours cherché à gagner des débouchés sur les mers et qui a toujours rassemblé des agrégats de population très différents. C’est donc un Empire en soi. Et l’effondrement, après la Guerre Froide, fut vécu comme un traumatisme très fort par beaucoup de Russes.

Le premier président de la nouvelle Russie fut Eltsine, qui n’est pas un président avec une autorité très grande, qui avait une santé très fragile et qui a désigné comme successeur Vladimir Poutine. Il a incarné et il incarne toujours une forme d’ordre et d’autorité.

Je crois qu’on caricature trop. Il y a Erdogan d’un côté, Xi Jinping de l’autre et il y a, aujourd’hui, Vladimir Poutine. Il a beaucoup de défauts aux yeux des Occidentaux, mais c’est quelqu’un de rationnel. C’est un monstre froid, sans doute, qui ne recule devant rien, mais qui profite des erreurs de ses adversaires.

C’est assez simple de négocier avec quelqu’un qu’on connaît bien, qui est prévisible. Et deuxièmement, il n’est pas fou, il est parfaitement rationnel, on l’a vu dans les affaires du Moyen-Orient. Et la Russie, depuis Pierre Le Grand, veut être européenne. Si on l’en empêche, elle se tournera vers la Chine et vers le Moyen-Orient, et ce sera une très mauvaise affaire sur l’Europe.

Écoutez la chronique d'Henri Guaino dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard

 

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