C’est en effet avec le dossier européen que le chef de l’État connaît ses premières difficultés. Il est vrai qu’il n’est quand même pas très bien servi avec les événements récents. Depuis son discours à la Sorbonne sur la grande relance de l’Europe, les bugs se succèdent ! Les élections allemandes obligent Angela Merkel à négocier pour l’instant un accord de coalition avec les libéraux et les Verts qui ne voient pas, chacun pour ses raisons, d’un bon œil le projet français du gouvernement de la zone euro. Angela Merkel soutient la France mais pour l’instant, elle s’occupe de ses affaires…
Et voilà que la crise en Espagne avec la Catalogne complique encore plus le sujet ! La France reste en retrait, soutient l’unité espagnole et à l’Élysée, le mot d’ordre est "discrétion" ! Le sujet est même évité : un conseiller présidentiel m’a expliqué que devant les étudiants de Francfort face à qui il doit s’exprimer aujourd'hui sur l’Europe, Emmanuel Macron n’abordera le sujet de l’Espagne si seulement une question lui est posée.
C’est la première fois que Macron n’a pas la baraka et que les planètes ne s’alignent pas quand il se lance dans un projet. Entre le Brexit, la Catalogne qui pourrait faire sécession et les autres régions d’Europe qui ont fixé des référendums d’auto-détermination, la direction prise mène plus vers une dislocation de l’Europe que vers une Europe fédérale ! Le plus étonnant, c’est que les fervents défenseurs de l’Europe restent cette fois-ci en retrait. Normal, par crainte de contagion…
On nous explique pourtant sans arrêt que la politique intérieure relève quasiment de la politique européenne. Mais là, il s’agit en quelque sorte de respecter la vie privée de l’Espagne. Lorsqu’un couple est en plein divorce, les amis choisissent souvent leur camp dès le début. Paris a donc choisi le camp de l’unité, en espérant que le nuage de l’indépendantisme s’arrête aux frontières de la France.