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Villages en vente sur Le Bon Coin : "Le ministre de l’Agriculture doit redevenir sérieux"

Par Benjamin Jeanjean

Maire de Fanjeaux dans l’Aude, Denis Juin était l’invité du Grand Matin Sud Radio ce lundi pour revenir sur la mise en vente ironique de son village sur Internet pour protester contre la nouvelle carte des zones défavorisées agricoles.

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Se mettre en vente sur Le Bon Coin pour dénoncer la nouvelle carte des zones défavorisées et donc la perte des aides économiques pour ses éleveurs, c’est le pari qu’a fait le village de Fanjeaux (Aude) et son maire Denis Juin pour protester contre la décision du ministère de l’Agriculture. Invité du Grand Matin Sud Radio ce lundi, l’élu local fait part de son désarroi. "Ce n’est pas très marrant comme situation, mais c’est par ce biais-là qu’on essaye de faire passer nos idées. De l’humour, notre ministre de l’Agriculture n’en manque pas non plus. Définir notre zone de la Piège en zone de plaine, ça aurait pu être marrant dans un sketch d’humoriste. À ce que sache, notre ministre de l’Agriculture n’en est pas un, il faudrait qu’il redevienne sérieux", déclare-t-il.

Ne faisant visiblement plus partie des nouvelles zones défavorisées, Fanjeaux et la zone de la Piège présentent toutefois des caractéristiques très spécifiques qui justifiaient cette particularité selon son maire. "C’était un tout : des collines, des vallons, et bien sûr son sol. C’est un sol avec beaucoup de cailloux et de pierres, et si l’on ne peut pas faire d’élevages ici, on ne pourra rien faire d’autre. On ne peut pas planter de céréales, on ne peut pas planter de vignes… On peut faire de l’herbe pour les animaux, mais rien d’autre. A priori, les collines ont dû partir dans la nature, ou quelqu’un nous les a volées, puisque d’après eux nous sommes plats maintenant !", s’étonne-t-il.

"Ils vont perdre entre 5 000 et 12 000 euros en moyenne"

Quant aux impacts générés par la disparition de ces aides, Denis Juin se veut alarmiste. "Il y a cinq éleveurs sur la commune, 55 sur la totalité de la Piège, et ces éleveurs vont perdre entre 5 000 et 12 000 euros en moyenne par exploitation. En sachant qu’on parle de prime agricole, mais il s’agit d’une compensation pour une zone défavorisée. Ce n’est pas du revenu qu’on leur donne directement comme ça, c’est par rapport à une situation beaucoup plus compliquée pour pouvoir cultiver et vivre sur ces terrains assez difficiles", explique-t-il.

"Dans cette région, on travaille beaucoup en circuit court. Beaucoup de céréaliers vendent donc leur culture aux éleveurs du coin. Si ces éleveurs disparaissent, des produits céréaliers ne seront plus commercialisés sur place, et il y aura beaucoup moins d’habitants sur les communes. Si ces exploitations s’en vont, il y aura moins d’enfants, donc moins d’écoles, moins de commerces, etc. C’est tout un système d’aménagement du territoire qui serait revu, alors qu’on nous demande justement d’essayer d’entretenir ce territoire. Si ces éleveurs habitent dans ces collines, c’est aussi parce qu’ils aiment ces collines et cet aménagement du territoire", ajoute-t-il.

Réécoutez en podcast toute l’interview de Denis Juin dans le Grand Matin Sud Radio

 

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