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Organiser l’islam de France, une idée aussi vieille que nécessaire

Notre République, certes laïque, ne peut pas faire l’économie d’un processus d’organisation de toutes les religions pratiquées sur son territoire.
 

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Depuis plusieurs décennies, tous les gouvernements et les ministres de l’Intérieur ont tenté d’organiser l’islam : Pierre Joxe, Jean-Pierre Chevènement, Nicolas Sarkozy, Manuel Valls… C’est un problème extrêmement compliqué, mais c’est inéluctable. La République, aussi laïque qu’elle soit, ne peut pas se désintéresser de la façon dont fonctionnent les principaux cultes pratiqués sur son territoire. Il ne s’agit d’ailleurs pas uniquement de religion, il y a derrière ça une question de civilisation. Un sondage récent a posé la question de savoir si l’islam était compatible avec la République. L’an dernier, la réponse est "Non" à 54%. Cette année, "Oui" à 56%. Ce ne sont que des sondages, mais on voit que la question préoccupe tout le monde.

Il faut bien distinguer la question de la civilisation (ensemble de cultures, de pratiques sociales, d’attitudes et de représentations du monde) et celle de la religion (croyance dans un au-delà et une forme de salut). S’agissant de la civilisation, qui est la question la plus importante, si on admet que la civilisation islamique n’est pas compatible avec nos valeurs, il n’y a alors aucune issue au débat qui nous agite aujourd’hui, sinon une issue tragique. En revanche, il est vrai qu’on n’a jamais pu faire vivre ensemble, sur le même territoire et au même moment, deux civilisations à part égale. Elles peuvent vivre côte à côte ou en bonne intelligence, mais faire cohabiter deux civilisations dans une même société est impossible. Il faut donc que l’une (la plus récente) s’adapte à l’autre.

On a vu ce qu’il s’est passé avec les guerres de religion en France. Le protestantisme, qui regroupe des courants théologiques très différents, a fini par s’organiser et par bien s’intégrer dans la République comme il avait fini par s’intégrer dans la vie du royaume malgré les persécutions. Napoléon a organisé la religion juive, qui jusque-là n’avait pas vraiment droit de cité. Depuis la chute du temple de Jérusalem, c’était une religion complètement désorganisée, il n’y avait plus de hiérarchie religieuse. Il a organisé le Consistoire, le Conseil représentatif des institutions juives de France, il a créé un grand rabbin, et ça ne marche pas si mal. Le gouvernement et les institutions ont des interlocuteurs.

Tout ce qui a été fait pour les autres doit être fait aussi pour l’islam. C’est devenu la deuxième religion de France, elle ne peut pas rester en l’état surtout que les poussées religieuses et le retour de la religion rendent cette organisation inévitable. Inévitable mais compliquée car nous sommes un État laïc et parce qu’il n’est pas question de revenir à un Concordat qui ferait payer le contribuable français. Or, le contribuable français ne voudra pas payer les mosquées. Si c’était le cas, il faudrait qu’il paye pour tous les autres cultes. Emmanuel Macron ne veut plus que les étrangers payent. Très bien, il faudra donc trouver des ressources et résoudre le lancinant problème de la formation des imams. L’État devra s’en mêler d’une façon ou d’une autre.

Rappelons ce que disait Jules Ferry à la fin du 19ème siècle quand il a inauguré la faculté de théologie protestante de Paris : "La République ne peut pas se désintéresser de la formation des pasteurs". Ça vaut aussi pour l’islam. Le chantier est ouvert.

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