La Canebière - qui est aux Marseillais ce que les Champs-Élysées sont aux Parisiens - débarrassée des voitures ? L'artère la plus connue de la cité phocéenne mais aussi l'une des plus fréquentées pourrait ainsi devenir entièrement piétonne très prochainement. L'idée, saugrenue pour certains, nécessaire pour d'autres, est en tout cas à l'étude dans les bureaux de la mairie de Marseille, laquelle envisage très sérieusement la piétonisation de l'avenue.
"La pollution sur la Canebière, c'est une catastrophe"
D'ordinaire réservée aux piétons seulement un dimanche par mois, la Canebière pourrait ainsi devenir piétonne de manière permanente d'ici à 2020, mais encore faut-il que la population adhère à ce projet. Pour beaucoup d'habitants, c'est la seule alternative pour mettre fin aux incessantes allées et venues des véhicules, qui ont fait de cette avenue emblématique l'un des secteurs les plus pollués de la ville, comme nous le confirme un riverain, rencontré à proximité de la station de tramway. "La pollution est là ! Quand vous voyez toutes les voitures sur la Canebière, c'est vraiment une catastrophe", déplore-t-il.
Pour Sabine Bernasconi, (Maire LR du premier secteur de Marseille, dont dépend la Canebière), le projet a surtout pour objectif de redynamiser les lieux. "La symbolique Cannebière, piétonisée et ouverte aux vélos, participera du renouveau du centre-ville", assure celle qui est également vice
Cette réhabilitation ne serait pas pour déplaire à Jean-Jacques Guipert (Président de la Fédération d'intérêt des comités de quartiers du IIe arrondissement), lequel déplore la baisse de fréquentation de l'endroit, passée une certaine heure. "Il y a de la téléphonie, des banques (...) beaucoup de kebabs dans la partie haute et quelques petits commerces qui, dès 19h le soir, ferment et rendent cette artère quasiment déserte", nous explique-t-il. Une désertification que constatent au quotidien les commerçants, dont la majorité se prononce en faveur de la piétonisation afin de revitaliser les lieux. "Le centre-ville de Marseille se paupérise parce qu'il n'y a pas de commerces diversifiés. Il n'y a que des boucheries halal et des épiceries. Il nous faudrait des fromagers, des volaillers, des commerces d'avant pour (re)draîner une certaine population", plaide ainsi un charcutier.
Vous l'aurez compris, l'idée fait son chemin mais il va falloir s'armer de patience car si la population doit être consultée dans les prochaines semaines, les travaux nécessaires ne pourront débuter que courant 2019, si d'aventure le projet venait à être validé. Affaire à suivre.
Propos recueillis par Lionel Maillet