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L’État promeut l’écriture inclusive et les monstres de laideur linguistique qui vont avec

Au nom de la lutte légitime pour l’égalité entre les hommes et les femmes, le ministère du Travail en vient à prendre des décisions sidérantes et ridicules.

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Dans un guide qui vient de paraître, le ministère du Travail recommande aux employeurs d’utiliser l’écriture inclusive pour lutter contre les inégalités entre les hommes et les femmes. De quoi s’agit-il ? Il s’agit d’utiliser en même temps le féminin et le masculin lorsqu’on s’adresse à une population composée d’hommes et de femmes, ou supposée l’être. Ce qui donne à l’écrit : "les salarié.e.s", "les agent.e.s", "les client.e.s", "les agriculteur.trice.s". Pour que chacun puisse, dit-on, se sentir concerné (et on écrira ici "concerné.e"). Ubuesque.

Le combat pour l’égalité hommes-femmes est un vrai sujet de notre société et a permis de vraies avancées, mais il reste beaucoup à faire en matière d’égalité salariale, de conditions de travail, de liberté de choix, d’horaires, de crèches, d’organisation du temps scolaire, etc. Mais avec le massacre de la langue, on n’améliore pas la vie des femmes dans notre société ou dans les entreprises ! On sombre juste dans le ridicule. Le ridicule ne tue pas, mais à force de faire n’importe quoi en affirmant que ce n’est pas grave, ça finit quand même par l’être.

On a déjà féminisé toutes les fonctions par décret, sans respect pour la langue française. En bon français, la préfète est l’épouse du préfet et l’ambassadrice est l’épouse de l’ambassadeur. Quand une femme est titulaire de la fonction, on dit tout simplement "Madame le préfet" ou "Madame l’ambassadeur". La féminisation systématique des noms a donné des monstres de laideur linguistique tels que "la défenseure", "la procureure", "l’agente", "la professeure", "l’écrivaine", "la cheffe" ou "la pompière"...

Un jour, un député s’est adressé au président de séance à l’Assemblée nationale, qui était une femme, en ces termes : "Madame le Président". C’est l’expression correcte en français. Usant ou plutôt abusant de son pouvoir, cette militante féministe – qui voulait effacer le mot "maternelle" du fronton des écoles maternelles – a infligé à ce député une amende de plusieurs milliers d’euros. Mais quelle personne raisonnable peut voir dans l’expression "Madame le Président" un manque de respect ? Ce serait risible s’il n’y avait pas l’amende à la fin...

Hélas, le ministère du Travail fait d’autres recommandations de ce type. Il prône l’élimination de toutes les expressions sexistes telles que "chef de famille", "mademoiselle", "nom de jeune fille", et recommande de dire "droits humains" au lieu de "droits de l’homme". On s’attend à un problème avec le Père Noël. Quant au mot "dieu", sa masculinité devrait rapidement aboutir à la conclusion que la religion est sexiste par nature.

En mars 2017, un éditeur scolaire a publié un manuel rédigé en écriture inclusive, parfaitement illisible. Certains pensent déjà à ne plus faire apprendre l’écriture cursive à la main et à lui substituer le clavier, comme cela se fait déjà en Finlande. D’autres pensent sérieusement à imposer à l’école une sorte de parité des sexes dans les manuels d’Histoire ou à soumettre toute l’école aux enseignements de la théorie du genre, qui a bien failli il y a quelques années faire son entrée dans les cours de sciences de la nature, et qui sous-tend cette offensive de l’écriture contre les soi-disant stéréotypes sexistes de la langue.

Certes, la langue est vivante et évolue sans arrêt, mais on a quand même envie de crier "Arrêtons le massacre !". Arrêtons d’abîmer ce qui reste de beau dans le monde, la langue française entre autres. Mais entre le ministère de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer et Marlène Schiappa, le match n’est pas joué d’avance tant est pesant le féministement correct.

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