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"Le changement climatique est lancé, on ne peut pas l'arrêter mais le limiter"

Par Benjamin Jeanjean

Alors que l’hiver est particulièrement capricieux cette année en France, Emmanuel Bocrie, ingénieur météorologiste et directeur de l'unité médias de Météo-France, était l’invité du Grand Matin Sud Radio ce jeudi.

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Un hiver plutôt doux, puis des pluies, des crues, de la neige, du froid et du verglas. Les dernières semaines ont été plutôt instables d’un point de vue météorologique sur une bonne partie de la France. Ingénieur météorologiste et directeur de l'unité médias de Météo-France, Emmanuel Bocrie explique au micro de Sud Radio les raisons de ces variations. "On a déjà eu des variations aussi fortes, ce n’est pas un hiver extrême, mais disons étonnant. Le début de l’hiver était particulièrement doux, avec une situation qu’on connaît bien : une grosse dépression qui tient fort sur l’Islande, un anticyclone très fort au sud, vers les Açores et le Portugal, et tout ça nous emmène les dépressions les uns derrière les autres. Cela a conduit – souvenez-vous – à de la douceur en décembre et janvier, beaucoup de précipitations – qui ont causé les crues – et des températures douces car c’était de l’air chaud qui arrivait. Cette situation s’est un peu délitée la semaine dernière. On a eu un flux du nord qui nous est tombé dessus, nous apportant du froid, et en même temps un air chaud et humide est remonté, ce qui a donné ces précipitations neigeuses", précise-t-il.

Selon lui, les Français et notamment les Franciliens n’en ont pas encore fini avec le froid. "On devrait normalement avoir encore un peu de neige demain sur une grosse partie de la France (entre deux et cinq centimètres). Cette neige sera beaucoup moins intense qu’en début de semaine, mais elle va tomber sur un sol verglacé, très froid. Elle va donc tenir. Dimanche, une autre perturbation passera sur nous mais sous forme de pluie, pas de neige. (…) On a eu du verglas et des températures négatives la nuit dernière. On aura encore des températures très froides la nuit dernière, donc attention aux glissades et aux carambolages sur les routes. La neige de vendredi tombera sur le verglas, qui ne sera donc plus visible. Ensuite, ça redeviendra un peu plus calme", assure-t-il.

"On va vers un changement climatique beaucoup plus fort que ce qu’on pensait"

L’ingénieur a également évoqué le réchauffement climatique, bien présent selon lui. "On le voit très bien, c’est clair, net et précis. On fait des mesures scientifiques depuis 1850. Sur la France, on a gagné environ un degré de température. Ça peut paraître anodin, mais au niveau de l’échelle du climat, c’est énorme. Toutes nos projections montrent qu’on va vers un changement climatique beaucoup plus puissant et plus fort que ce que l’on pensait. On parlait toujours de deux degrés ou quatre degrés. Bon, je pense que l’option deux degrés est pliée, on va les dépasser allègrement. On est en train d’emballer la machine. Il y a des endroits où il y a encore des incertitudes, mais le changement climatique, on est dedans. Il est lancé et on ne peut pas l’arrêter. On peut le limiter, mais il faut agir dès maintenant. (…) On ne peut pas l’arrêter car on a rejeté énormément de gaz à effet de serre en brûlant du charbon et du pétrole, et les quantités présentes dans l’atmosphère ne vont pas disparaître du jour au lendemain. Ça prend 30, 50 ans, voire plus", indique-t-il.

Réécoutez en podcast toute l’interview d’Emmanuel Bocrie dans le Grand Matin Sud Radio

 

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