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Ingrid Kragl (Foodwatch) : "Même des produits bio s’adonnent" à l'arnaque au "made in France"

Par Mathieu D'Hondt

Ingrid Kragl (directrice de l’information de Foodwatch) était ce samedi l'invitée de Sud Radio.

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Un vrai scandale du "made in France" touche actuellement le secteur alimentaire, dans lequel plusieurs produits, annoncés comme fabriqués dans l’Hexagone, viennent en réalité de l’étranger. On en parle avec Ingrid Kragl (directrice de l’information de Foodwatch).

Bonjour Ingrid Kragl, vous êtes donc directrice de l’information de Foodwatch. Avant de parler de ce scandale "made in France", pouvez-vous d’abord nous dire ce qu’est Foodwatch ?

C’est une ONG indépendante qui prend le parti des consommateurs face aux lobbies de l’industrie agroalimentaire et qui braque les projecteurs sur les scandales liés à notre alimentation. Toutes ces choses qu’on nous cache. On met également les politiques face à leurs responsabilités parce que quand ces scandales existent, c’est forcément parce qu’il y a une inaction politique.

Vous venez de publier une étude dans laquelle vous démontrez que certains des produits étiquetés "made in France" seraient en réalité préparés dans des pays étrangers. N’est-ce pas ?

L’étude qu’on vient de publier, qui est consacrée au "made in France" montre en effet que si des produits sont effectivement fabriqués en France, en réalité ça ne veut pas dire que les ingrédients viennent de France. C’est là toute l’ambiguïté, le flou et c’est ce que nous avons montré avec une dizaine d’exemples.

On a par exemple des cornichons d’une marque qui sont conditionnés en France mais qui sont pourtant cultivés en Inde, est-ce que c’est légal ?

Mais oui en fait, c’est pour ça que c’est un scandale. Neuf consommateurs sur 10 sont prêts à payer plus pour acheter du "made in France" et on voit bien, avec l’étude que l’on a faite, que les industriels ont flairé la bonne affaire. Et donc, c’est légal effectivement.

Du coup, comment le consommateur s’y retrouve ?

C’est compliqué de s’y retrouver. Le problème, c’est que les industriels ne sont pas contraints d’afficher toute la vérité sur les ingrédients et l’origine des ingrédients sur l’emballage. Ça se traduit par une overdose de "bleu, blanc rouge", d’hexagone, de petits drapeaux ou encore de mentions "France" en grand caractère alors qu'en réalité la plupart des ingrédients, souvent et malheureusement, ne sont pas français. Le produit est juste conditionné ou fabriqué en France.

Que l’on rassure les consommateurs, ça ne veut pas dire non plus que le produit est de mauvaise qualité, mais par contre c’est une tromperie sur le fameux "made in France", n’est-ce pas ?

C’est une ruse effectivement et ce n’est pas une question de qualité finalement. Ce que l’on dénonce, c’est le scandale, c’est de se faire passer pour Français, à grand coup de logo ect…, quand en réalité les ingrédients ont parfois fait des milliers de kilomètres, comme ces cornichons qui en ont parcouru au moins 8 000.

C’est également le cas de raviolis d’une célèbre, si ce n’est la plus célèbre marque de raviolis en France...

Effectivement, on a constaté que tous les rayons sont concernés et dans tous les supermarchés, grandes marques, marques de distributeurs et même malheureusement des produits bio s’adonnent à ce genre de ruse.

… même les bio ?

Même les bio bien sûr. On a trouvé par exemple, sur des cidres produits bio, le logo de l’hexagone. On pourrait donc croire que les pommes viennent de Normandie par exemple, mais quand on regarde les tous petits caractères, on voit qu’elles proviennent de l’agriculture UE et l’UE c’est bien grand, ça peut venir de n’importe où. On a également vu des biscuits pour bébé de grande marque qui vous montrent aussi l’hexagone et puis quand on regarde en tout petit, on voit que cela vient d'une agriculture UE et non UE. Ce qui désigne presque le monde.

Que préconisez-vous au sein de Foodwatch, quelle est votre bataille ?

Deux chose. D’abord, dire au consommateur qu’ il faut regarder les petits caractères et pas ceux qu’on nous annonce en grand à l’avant. Et deuxièmement, nous aimerions que les industriels ne puissent plus nous induire en erreur et donc que le politiques fassent leur travail en limitant ce genre d’overdose de logos. J’invite aussi les auditeurs à aller visiter notre site et nos réseaux sociaux car plus nous sommes nombreux, plus nous pourrons faire changer les choses.

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