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Fallait-il exposer nos troupes pour secourir des touristes ?

Par La Rédaction

Fallait-il envoyer nos troupes secourir des touristes ? C’est la question du jour avec Véronique Jacquier dans "Info vérité" sur Sud Radio le 13 mai. Avec pour invités :
- Peer de Jong (« père 2 yong »), vice-président de l'Institut Themiis, et ancien aide de camp de François Mitterrand et Jacques Chirac ;
-  Viatcheslav Avioutskii, géopolitologue à l’Essca ;
- Caroline Galactéros, directrice du cabinet Planeting et du think tank Geopragma, colonel au sein de la réserve opérationnelle des armées ;
- Loïc Hervé, sénateur UDI de Haute-Savoie, officier de la réserve citoyenne de la Marine (capitaine de corvette) ;
- Dominique Gobert, éditorialiste à TourMag.com, le 1er média des professionnels du tourisme ;
- Pierre Martinet, directeur de Windcorp Security Defense, ancien agent de la DGSE.

Info Vérité est diffusée tous les jours à 7h10 et 9h15 dans la matinale animée par Cécile de Ménibus et Patrick Roger.

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La polémique est vive entre ceux qui fustigent l’imprudence des deux voyageurs et ceux qui parlent d’un mensonge du quai d’Orsay. "Il y a polémique car c’est la première fois que deux de nos soldats d’élite meurent en secourant des touristes et non lors d’un attentat comme le colonel Arnaud Beltrame ou dans des combats contre des djihadistes au Sahel", estime Véronique Jacquier.

Dernière fenêtre d'intervention avant qu'il ne soit trop tard

Au total, 26 hommes sont morts au cours des opérations de la force Serval, puis Barkhane, depuis 2013 en Afrique. Les deux commandos tombés lors de l'opération sont les 27e et 28e victimes décédées en faisant leur devoir là-bas. Car que ce soit pour se battre contre des terroristes ou pour sauver des otages, c’est le rôle et la grandeur de l’armée de ne pas faire de distinction. "Il y a deux données qu’il faut bien prendre en compte pour juger la situation, juge Véronique Jacquier. La première : Emmanuel Macron en tant que chef des armées a pris, lui et lui seul, la décision d’intervenir pour sauver les otages. Il y avait une fenêtre de tir".

S’il ne le faisait pas, les otages se seraient sans doute retrouvés aux mains de djihadistes beaucoup plus radicaux dans le centre du Mali, selon les services de renseignement français. Leur libération aurait été impossible. "Deuxième donnée : nos deux mariniers n’avaient pas d’armes pour riposter. C’était voulu pour se concentrer sur les otages à récupérer. Des risques ont donc été pris par le commando en âme et conscience. Emmanuel Macron assume aussi d’avoir donné le feu vert pour l’opération. Il est le Président de tous les Français. Pas question d’en laisser deux en grand danger".

Relever le niveau de dangerosité

Que faire maintenant, alors pour éviter un tel drame ? Changer la réglementation pour que les touristes n’aillent pas dans des pays dangereux ? "Quand les deux Français se sont aventurés au Bénin, la zone où ils se rendaient était en jaune ce qui signifie Vigilance renforcée. Une appellation qui rime difficilement avec loisir, détente et légèreté. Surtout dans des pays où le touriste est considéré comme un coffre fort ambulant". Pas la peine, donc, de créer une polémique sur la zone en jaune ou en rouge. Le problème fondamental est qu’une agence de voyage ait délivré des billets à ces deux hommes.

"Donc oui, il faut relever le niveau de dangerosité, que les agences soient plus en alerte", pour Véronique Jacquier. Au Bénin, les habitants savent que le parc de la Pandjari est régulièrement traversé par des terroristes. Pourquoi cette information est-elle minorée dans les guides touristiques ? "Mais il est évident que tous les gardes-fous n’empêcheront jamais un nouveau drame si les touristes n’ont pas de conscience. La conscience de penser plus loin que son égoïsme pour ne pas risquer la vie des autres".

"Le Quai d’Orsay met des zones orange ou rouge, c’est une évaluation retravaillée en permanence, explique Peer de Jong, vice-président de l'Institut Themiis, et ancien aide de camp de François Mitterrand et Jacques Chirac. Les distances sont extrêmement importantes. Aujourd’hui, on peut considérer que l’ensemble de l’Afrique de l’ouest est dans une situation compliquée. Le problème, c’est la perception de la menace. On ne peut plus voyager en Afrique de l’ouest sans prendre des mesures. Ça devient littéralement impensable. On entre dans une période extrêmement troublée, avec la mécanique terroriste qui se greffe sur les guerres tribales. Pas question qu'un Européen aille se promener dans la zone en faisant du tourisme".

Cliquez ici pour écouter "Info Vérité" présentée par Véronique Jacquier

Retrouvez "Info Vérité" du lundi au vendredi avec Véronique Jacquier à 7h10 et 9h15 sur Sud Radio, dans la matinale de Cécile de Ménibus et Patrick Roger. Sur quelle fréquence écouter Sud Radio ? Cliquez-ici !

 

Le guide du Routard n'y édite plus de guide: "ces deux touristes ont voulu frimer"

A leur arrivée, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a rappelé que les otages avaient pris des "risques majeurs" en se rendant sur cette zone. Depuis six mois, une partie du parc national de la Pendjari est classée orange par le Quai d'Orsay, c'est à dire "zone déconseillée sauf raison impératives" (classée rouge depuis les faits). En raison des risques sur place et du trop grand nombre de touristes prêts à prendre ces risques, le Routard n'édite plus de guides touristiques pour l'Afrique de l'Ouest depuis près de 11 ans (à l'exception du Sénégal). Pour Philippe Gloaguen, le directeur du Routard, ce qui vient d'arriver est inadmissible:

"Je connais cette culture: je ne voyage pas comme les autres, je ne vais pas dans les endroits convenus, je ne fréquente pas les plages bondées. Cette zone était dangereuse. Ces deux touristes qui ont voulu frimer en disant 'nous allons dans des endroits peu fréquentés, nous sommes courageux, nous allons dans des endroits où il n'y a pas de tourisme de masse'. La facture est très lourde: elle s'appelle deux morts !"

 

 

 

"Attention à ne pas mettre à l'index des destinations"

Le directeur de l'agence Protourisme Didier Arino (également joint par Mathilde Choin), rappelle en-revanche que le risque zéro n'existe nulle-part:

"C'est comme si vous- disiez: quelle leçon doivent tirer les américains, lorsqu'ils viennent dans l'hexagone, sachant que nous avons aussi subi des attentats?" Il faut faire attention de ne pas mettre à l'indexe des destinations, alors que nous n'apprécierions pas cet amalgame. Quand, à l'autre bout du monde, ils voient des images de saccages lors des manifestations, certains médias ont une facilité à dire que nous sommes un pays en guerre, alors que ce n'est pas le cas. Donc on doit faire preuve de mesure. Il est du devoir des agences de voyage de prévenir leurs clients, et surtout de ne pas les envoyer dans des zones à risques."

 

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